vendredi 10 décembre 2021

Donnez un cadeau Eco en fin d'année: Transformez le CO2 en pierre

Il y a quelques semaines Orca, une installation en Islande, a commencé à capturer du CO2 direct de l'atmosphère pour l'emmagasiner sous terre, minéralisé en carbonates sous forme de roche. C'est la plus grande machine au monde qui transforme le gaz carbonique de l'air en pierre.

Un ingénieur en catalyse de l'université de Gand (Belgique) est fondateur de Capture, un centre de recherches autour de la réutilisation du gaz carbonique, en voie pour un monde neutre en CO2. Il s'est concentré sur le recyclage de gaz carbonique, sachant que les processus naturels comme la photosynthèse n'arrivent plus à suivre la montée du CO2 anthropique dans l'atmosphère pour le fixer en biomasse laquelle, transformée en énergie fossile, a été largement surexploitée par l'humanité.
Le coût serait insurmontable pour le traitement de CO2 non dilué: environ 500 euros par tonne de CO2 capturé provenant d'air à 400 ppm, pendant l'extraction d'une source concentrée coûterait 10x moins cher. Mais le prof. Saeys propose d'utiliser de l'énergie naturelle géothermique, aquatique et surtout solaire pour les CCS (carbon capture storage). Ces unités vont séparer le CO2 de l'air et, pour éviter sa redistribution dans l'atmosphère, le séquestrent dans le réservoir géologique souterrain, enrichi de minéraux catalyseur pour le transformer en carbonates.

Ce n'est pas par hasard qu'une première machine vient d'être mise en service près de Reykjavik, capitale de l'Islande. Construite en moins d'un an, elle utilise une partie de l'énergie géothermique de la centrale de Hellisheiði Geothermal Power Plant, générée par le volcanisme de cette île. Cette énergie à cent pour cent renouvelable entraîne les 4 double pompes à chaleur des capteurs de CO2 de taille compacte, pas plus grand que quelques containeurs.
Comme un Sodastream géant, Orca rajoute le CO2 à l'eau qu'elle injecte dans le sol plein de basaltes volcaniques, qui ont formé l'île. Grâce à un processus naturel de minéralisation, la réaction du basalte, le CO2 se transforme ainsi en roche, ce qui prend normalement des millénaires. L'accélération par Orca permet une transformation complète en moins de deux ans, ce qui est très avantageux au bilan carbone !

Le projet Orca (islandais pour énergie), référencé par Forbes, National Geographic, Unesco, a été lancé par Climeworks CDR, une start-up Suisse, et la société Islandaise Carbfix, où est installé le puits d'injection, bientôt capable de séquestrer annuellement 34 000 tonnes de CO2 sous terre. Parmi de grands partenaires et plus de 8000 individus privés, NATURE-TEMOIN soutient activement Orca.
L'objectif de Climeworks, d'inspirer 1 milliard d'humains à être clima-positif, est exemplaire et doit inciter plus d'entreprises et individus à Agir Maintenant - Act Now, à enlever activement le gaz carbonique de l'air. Chaque tonne de CO2 enlevé de l'air est une tonne qui ne contribue PAS au réchauffement climatique. Ralentissons le changement climatique !

Actuellement, la machine Orca peut transformer 4000 tonnes de CO2 par an, ce qui représente l'émissions d'environ 2000 voitures modernes, et enviseage de monter rapidement la capacité de ses installations. D'autres machines seront construites, entre autres en Ecosse, et entraînées par l'énergie éolienne.
Or, le Panel intergouvernemental des Nations Unies sur le Changement Climatique vient d'avertir qu'il est crucial de réduire considérablement le émissions ET d'enlever de façon permanente les émissions anthropiques de gaz carbonique de l'air.

A peine un mois après le COP26, la compagnie Climeworks Carbon Dioxide Removal appelle au financement participatif pour implanter d'autres installations comme Orca, pour que chacun puisse apporter son sel dans la tambouille de réduction du taux de CO2. Leur site internet vient de lancer une idée originale de cadeau Eco: à partir de 5 euros, vous pouvez Agir Maintenant et transformer vos kilos de CO2 en pierre! Les adeptes peuvent même souscrire un abonnement...

The ecological footprint emissions from this story are an estimated 0.2g to 1,0g CO₂ per pageview.

dimanche 14 novembre 2021

Quercy sous terre

Aujourd'hui, une triple exposition temporaire se clôturait au Grenier du Chapitre à Cahors. Notre équipe (Aurélien, Lili, Myriam et Erik) a été accueillie par Bernard Sainte Marie de l'association "Art et Patrimoine" pour cette visite très agréable, nous suggérée par "Préhistoire du Sud-Ouest", où nous sommes adhérents.
Après trois conférences avec des intervenants de notoriété internationale, l'occasion rêvée pour en savoir plus sur le temps des premiers humains en Quercy...

Au rez de chaussée, une série de photos par le spéléo-photographe Jean-François Fabriol révélaient les beautés du milieu souterrain en Quercy. La deuxième partie de l'exposition rendait hommage aux premiers préhistoriens du Quercy de la fin du XIXe et début du XXe siècle, sous forme d'un rapide commentaire sur leurs travaux.


A l'étage, la grande exposition présente les gravures pariétales de la grotte de Roucadour à Thémines (Lot). Vieilles de 30 000 ans, plus de 500 figurations animales et motifs symboliques revelés par Michel Lorblanchet et son équipe de chercheurs, permettent de voir ce patrimoine exceptionnel d'une grotte qui ne peut être ouverte au public. Hors de nombreux figurations symboliques, comme les 18 cercles echancrés, la grotte de Roucadour renferme les dessins de 16 mégacéros, 11 mammouths et 24 lions. Il apparaît sur une paroi, l'image d'un esturgeon de 1m40 de long. A cette époque là, les gens consommaient du caviar !

lundi 1 novembre 2021

Adoption de la résolution de l'IUCN sur la géodiversité

Dans le bulletin FSE d'octobre 2021, la Fédération européenne de Spéléologie reproduit la résolution sur la protection du géopatrimoine et des géotopes, approuvée par l'UICN (International Union for Conservation of Nature).
La résolution s'efforce de mettre la géodiversité sur un pied d'égalité avec la biodiversité. 

Jusqu'à présent, les grottes n'étaient souvent reconnues comme des habitats pour la vie des grottes que dans les textes législatifs. La protection des géotopes est encore totalement absente, par exemple dans la directive européenne Natura 2000. De plus, les éléments à l'intérieur des grottes (comme les formations) ne sont pas protégés par les législations européennes et de nombreuses législations nationales.

jeudi 21 octobre 2021

Dolmen du Lavour : état des lieux

Ce jour, nous avons localisé le dolmen du Lavour, inventorié comme dolmen n°2 de Labastide-de-Virac (synonyme "Laour", "Laoure", "Lavoure", ou "Crotte").

Ce dolmen était situé ailleurs, suite à des cordonnées erronnées. Il a été fouillé par Jules Ollier de Marichard et décrit "dolmen de la Crôte" dans son ouvrage en 1869. Maurice Laforgue l'a également fouillé en 1970 et il a été décrit dans un inventaire après prospection par la S.O.P.R.A. en 1971, n'ayant pas de chambre reconnaissable.


carte et mobilier trouvé (dont des perles et des ornements de collier en coquillage) dans le dolmen du Lavour,
extraits de la publication de J.O.de Marichard de 1869

Aujourd'hui, nous avons pris des photos de ce dolmen à la séparation des parcelles cadastrales n° 142-148-209, en bordure Nord du chemin de Labastide aux Crottes. Ce dernier se prolonge vers Ouest entre 2 murets, mais se perd sous la végétation par manque d'entretien. Au croisement de l'ancien chemin et de la piste actuelle, on l'a trouvé actuellement détouré par la cloture électrique, exclus de la parcelle 148.


plan par M. Laforque, docu Bull. S.E.R.A.H.V. 5, 1969-70, 25p.

Le tertre est encore en place, mais nous semble beaucoup plus petit que les 7x5 m sur le plan de fouilles dressé par M. Laforque en 1970 ("élévation légèrement ovale coupée par le chemin").
Il reste deux bouts de calcaire: un fragment d'orthostate et un supposé fragment de dalle. Leur position ne correspond plus au plan établi en 19
70. Un fragment se trouve côté chemin, au Sud de l'élévation.

Nous avons mis à jour le document existant de W. Paepe (2006) auprès de l'inventaire des Dolmens et Patrimoine de l'Ardèche et à la cité de la Préhistoire.


Dolmen du Lavour. cliché Nature-Témoin 10/2021

Sur la commune de Labastide-de-Virac, il doit y rester les restes de deux autres dolmens:

- le dolmen n°1 de Labastide:

Ce dolmen, aussi appelé "Champel" ou n°1 du Saleyron, n'a pas été retrouvé lors de la prospection de 2006 et reste aujourd'hui toujours introuvable. Il aurait été fouillé par Léopold Chiron, puis par J. O. de Marichard en 1869.


Dolmen "du Champel" n°1 de Labastide. Cliché U. Thévenon, campagne 1967-68

- le dolmen n° 3 de Labastide ou dolmen du Devès de Virac :

Un des deux dolmens dans le "Bois de Virac", décrit et fouillé J. O. de Marichard qui auraient livré une fibule, un bracelet et une bague en bronze (Dedet & Durand, 2015). Le tumulus de 9.5 x 7.5 m est aujourd'hui fortement réduit, la petite butte dont mention dans la prospection de 2006 n'existe plus.


Dolmen "du Devès de Virac" n°3 de Labastide. Clichés Nature-Témoin 2011-2012

 
Plan:  G. Duchez 2002 dans CR W. Paepe 2006

Au 19me, Léopold Chiron cite sommairement 12 dolmens pour la commune de Labastide-de-Virc. Jules Ollier de Marichard mentionne 2 dolmens dans le Bois de Virac. Sur sa carte, ce dernier écrit bien "dolmens" (pluriel !)-Tumulus de Champel, où il indique quatre dolmens pour cet endroit.
On peut en conclure que la plupart des dolmens ont été détruits en moins d'un siècle.


lundi 18 octobre 2021

NT aux Rencontres d'Octobre 2021

Pendant quatre jours, dans l'Aude, se sont déroulées les Rencontres d'Octobre du Spéléo-Club de Paris. A quelques kilomètres de Carcassonne, nous étions accueilli par le Spéléo-club de Corbières Minervois (SCM), le CDS 11 et le Conseil Départemental de l'Aude au château du beau village de Villegly, qui était transformé en Temple de l'Instrumentation Souterraine, le thème des rencontres de cette année.

 

Au milieu des scanneurs 3D de Laurent Magne, les cavelink en 
tandem aux radiobalises de Daniel Chailloux, les Tétraedre de 
Fabien Levard, figuraient les CO2-vKing de Nature-Témoin !!

Représentant Nature-Témoin, deux sujets ont été présenté par Joël (Approches pluridisciplinaires du karst urgonien des gorges de l'Ardèche: relations eau du karst - eau rivière et pluie - débit avec les outils adaptés aux traçages, à l' hydrochimie, la pluviométrie et la géochimie, dans le cadre de notre campagne d'études sur les impacts du dérèglement climatique sur les ressources en eaux souterraines et les échanges nappes-rivières du bassin versant de l'Ardèche) et Erik (sur notre travail sur l'instrumentation des rivières, siphons et cavités en Sud-Ardèche).


Un grand merci à Madé et Christophe "Stoche" qui ont eu la gentillesse de nous héberger chez eux pendant tout ce temps-là!




dimanche 22 août 2021

Exposition et livre Doggerland

L'exposition temporaire "Doggerland. Verdwenen wereld in de Noordzee" (Doggerland, pays disparu dans la mer du Nord), à visiter au Musée royal d'Antiquités à Leiden (Pays-Bas), héberge un grand nombre d'objets qui ne seraient là sans les efforts d'un grand nombre de collectionneurs enthousiastes.

Arjan de Zeeuw, Directeur Kennis en Advies au Service royal du Patrimoine des Pays-Bas, affirme que "le patrimoine a besoin d'amateurs, ambassadeurs, chercheurs, collectionneurs et bénévoles". Ces collectionneurs passent régulièrement aux plages de la Mer du Nord, malgré le vent et le temps, pour chercher des reliques du pays entre l'Angleterre et les Pays-Bas, le "Doggerland", qui se trouve actuellement au fond de la Mer.
Nous nous rejouissons que les services des Antiquités des Pays-Bas ont une attitude très ouverte et accueillante vis-à-vis des amateurs, qu'ils les encouragent même à chercher, et de partager leurs découvertes. Les collectionneurs, qui scrutent la plage pour sauver ce qui reste, sont considérés des "héros" par Bram Langeveld, conservateur au Musée d'Histoire Naturelle de Rotterdam. "Les restes des animaux et de la civilisation humaine sont conservés sous l'eau, mais ils vont désintégrer, sauf si on les traite pour être conservés."
Des adhérents de Nature-Témoin ont eu la chance de pouvoir visiter l'exposition, qui sera réconduite jusqu'à la fin du mois d'octobre.

Par l'intermédiaire de Romain De Moor, archélogue au Musée d'Alost (Belgique) et membre du Groupement Mammifères du Pléistocène, nous avons eu l'occasion d'apprécier la belle publication sur l'exposition "Doggerland. Verdwenen wereld in de Noordzee"


Ce dimanche, une journée publique de recherche et collecte a même été organisée sur la plage de "Zandmotor" (Moteur à Sable), près de La Hague, encadrée par les experts Doggerland du Musée royal d'Antiquités de Leiden, qui expliquent comment et où chercher, et qui déterminent les trouvailles.


Le contexte est assez particulier: il y a 10 ans, des bateaux ont aspiré environ 20 millions de mètres cube de sable dans la mer, à 10 kilomètres de là. Des turbines énormes l'ont jeté sur la côte pour palier l'érosion et pour éviter que, tous les 3 ans, des bâteaux devraient y dredger et ainsi perturber constamment la faune et la flore du littoral. Ainsi, des milliers d'objets archéologiques provenant du Doggerland se trouvent parmi ces plages artificiellement renforcées: des coquillages fossilisés, mais également des ossements du Pléistocène tardif (-126000 à -11800 ans) et des objets travaillés par les habitants de la toendra de cette vallée pendant le Weichselien, envahie par la Mer depuis 8000 ans.

Ce wekend, avons cherché sur les plages artificielles de Zandmotor (Monster Beach) et Maasvlakte 2 (Eurokanaal), jusqu'à l'arrivée d'un orage qui a forçé le départ de tous...




Entre le galet tailllé en chopper archaïque (gauche) et le silex retouché sur tout son pourtour (droite), il y a eu certes quelques centaines de millénaires, mais ils sont venus nous rencontrer à 10 minutes d'intervalle... (Maasvlakte 2)

Souvent, le mouvement de la mer a polie certains silex jusqu'à effacer les traces d'action humaine. 
D'autres ont gardé toute leur splendeur...


Souvent la mer apporte des fragments d'os fossilisés:



samedi 21 août 2021

En quête pour les dernières Vénus: aux temples de Malte

En quête pour les dernières Venus de la Préhistoire, des adhérents de Nature-Témoin ont visité des monuments uniques d'une culture préhistorique des Îles de Malte, installés cet été à l'exposition temporaire: Les temples de Malte au RMOL, le Musée royal d'Antiquités à Leiden (Pays-Bas).

Les figurines antropomorphes les plus anciennes, modelées en argile ou façonnées en pierre, sont datés -4400 et proviennent généralement de huttes et temples dans la région de Skorba.

 
Figurine humaine, argile, temple de Skorba, -4400  ... -4100;
E
clats de taille d'obsidienne, trouvés au cercle de Xaghra;
-4100  ... -2500, porv. îles  Lipari et Pantelleria (Sicilie)


Les formes de temple dans la région de Skorba et leur maquette à visiter par caméra 3D

Remarquable trouvaille: Hâche Trachtarbeker provenant du Danemark


Figurines assises, trouvées au cercle de Xaghra, -3600 ... -2500

 


Figurine enciente, argile, temples de Mnajdra, -3600 ... -2500;
Sculptures phalliques, temples de Tarxien, -3600 ... -2500:
        Deux figurines humaines, os, trouvées au cercle de Xaghra, -3600 ... -2500

Le complexe de sépultures souterraines préhistoriques de Hal Saflieni Hypogeum a été sculpté sur trois étages dans le rocher. Il se trouve à quelques centaines de mètres NW du site des temples de Tarxien, et était probablement marqué par un monument mégalitique en surface. Le lieu sacré contenait des fresques uniques et servait de sépulture pour beaucoup de morts, dont la 'Dame Dormante'.

 
La 'Dame Dormante' serait la personification de la mort ou du sommeil éternel. Argile. 
Jupe très détaillée. Ses cheveux sont partiellement rasés. -3600 ... -2500