vendredi 14 avril 2023

publication : Evolution karstique de l'anticlinal de Saint Remèze durant le Paléogène

Nous avons le plaisir d'annoncer la publication d'un nouvel article de la main de Joël Jolivet sur l'évolution karstique de l'anticlinal de Saint Remèze durant le Paléogène (Ardèche - France). Cette publication couronne le travail intensif des dernières années de Joël Jolivet et est téléchargeable chez HAL : https://hal.science/emse-04021957v1

auteurs: JOLIVET Joël (1), PEUBLE Steve (2), PARAN Frédéric (2), GALLICE Frédéric (2), VAN DEN BROECK Erik (1), GRAILLOT Didier (2)

(1) Association Nature-Témoin - 30760  Issirac France

(2) Mines Saint-Etienne, Univ. LYON, CNRS, Univ. Jean Monet, Univ. Lumière Lyon 2, Univ. Lyon 3 Jean Moulin, ENS   Lyon, ENTPE, ENSA Lyon, UMR 5600 EVS, Centre Spin, F - 42023 Saint-Etienne France

A la mémoire de Bernard Magos (†), secrétaire de l'Association Nature-Témoin, spéléologue-cinéaste  qui consacra sa vie au monde souterrain et en particulier à celui de l'Ardèche.

Résumé

Cet article fait suite à la publication " La paléogéographie du canyon de l'Ardèche du Crétacé inférieur à l'Oligocène" (Jolivet et al, 2022).

La question était de comprendre par l'approche de la tectonique, de la géomorphologie et de la géochimie, la répartition des circulations fluviatiles durant le Paléogène ainsi qu'à l'interface géologique représentée par l'Oligocène-Miocène inférieur, début de l'incision du canyon de l'Ardèche au Néogène.

L'espace géographique de ce vaste ensemble sédimentaire s'étend des bordures triasiques des Cévennes à l'Est en passant successivement aux terrains du Jurassique pour se terminer à l'Ouest par la vaste entité carbonatée du Crétacé inférieur des régions du  Bas Vivarais et des Garrigues incluses dans les départements de l'Ardèche et du Gard.

Les paléo-couvertures du Crétacé supérieur et du Paléogène ont oblitéré la plateforme barremo-aptienne et favorisé les  circulations fluviatiles formant des deltas, des chenaux  anastomosés ou des vallées de dimensions variées.

L'orientation des écoulements, dès la fin du Mésozoïque et jusqu'à la fin du Paléogène, est cependant difficilement interprétable. Influencé par les variations des mers de la Thétys Alpine, seuls les niveaux de base régionaux (représentés par les sillons d'Alès et du Rhône) semblent avoir été des collecteurs préférentiels pendant ces périodes.

Au regard de sa position géographique et de sa nature géologique, le sillon d'Alès a donné à la rivière Ardèche une orientation d'écoulement fluviatile N-S au Crétacé supérieur puis NO à SE durant le Paléogène.

Les conjonctures tectoniques liées aux évolutions eustatiques et climatiques du Paléogène ont amplifié les captures successives des écoulements aériens avant d'inciser de façon rythmée le canyon de l'Ardèche au début du Miocène.

Pour mieux aborder la formation endokarstique des zones sommitales arasées du plateau de St Remèze situées respectivement en rives droite et gauche de l'Ardèche actuelle, une nouvelle approche géologique et géochimique a été menée pour mieux appréhender les processus physiographiques de cette évolution entre l'Eocène inférieur et l'Oligocène.

A partir de la zone centrale des plateaux de St Remèze et du bois de Ronze, des observations de terrain récentes proposent un autre concept sur l'origine de l'évolution de ce paléo-karst.

Un protocole de caractérisation par analyse géochimique ICP-AES complété par diffraction X d'échantillons du Paléogène référencés sur la carte géologique de Bourg Saint Andéol-889 et Pont St Esprit-913 permet de comparer les signatures géochimiques d'échantillons inédits, gréseux et argileux, en surface et dans les cavités des plateaux karstiques ardéchois (Jolivet et al., 2020).

 

Mots clés : Barremien, Aptien, Paléogène, tectonique, paléo-karst, aquifère, grés et argiles néoformés.


dimanche 12 février 2023

Traçages, suivi du trajet des eaux souterraines dans les Gorges de l'Ardèche

Ce week-end, des colorants ont été injectés dans plusieurs cavités du plateau de Saint Remèze afin de mieux connaître le trajet souterrain de l’eau jusqu’à la rivière Ardèche. Une coloration de certaines sources et de la rivière Ardèche pourrait ainsi être observée cette fin d'hiver.

Une coloration inoffensive et temporaire

Ces colorants sont totalement inoffensifs pour la santé humaine, pour la faune et la flore. Ils se dégradent naturellement au contact de la lumière après quelques centaines de mètres dans le cours d’eau.
La coloration ne devrait pas atteindre les réseaux d’eau potable.

Où pourrait-on voir sortir les colorants ?


Un projet de recherche scientifique en partenariat avec l'EPTB Ardèche et le SGGA

Ces traçages sont réalisés par l’Ecole des Mines de Saint Étienne et l’Association Nature Témoin (Issirac). Ils s’inscrivent dans un projet scientifique qui étudie les relations entre les nappes d’eau souterraines et les rivières à l’échelle du bassin versant de l’Ardèche et leurs évolutions sous l’effet des changements climatiques.

En complément, des sondes ont été positionnées le long de l’Ardèche, de la Beaume et du Chassezac de manière à pouvoir quantifier les flux d’eau entre les formations souterraines et ces cours d’eau.

Ce projet scientifique est appuyé par l’EPTB Ardèche et le Syndicat de Gestion des Gorges de l’Ardèche (SGGA). Il bénéficie de financements de l’Agence de l’Eau et de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.

Pourquoi s'interesser aux eaux souterraines ?

Les eaux souterraines sont difficilement visibles mais omniprésentes sur notre territoire. Elles constituent à la fois un patrimoine naturel remarquable et une ressource en eau stratégique pour l’alimentation en eau potable futur du bassin.

Par leurs apports d’eau aux rivières, ces aquifères permettent de soutenir les niveaux d’eau l’été et d’apporter une eau fraîche, constituant ainsi des zones de refuge pour la faune aquatique l’été.

Mieux connaître le fonctionnement de ces ressources, c’est mieux les préserver.

Contact, information

Si vous avez une question ou si vous avez observé une coloration des eaux sur le secteur d’étude, n'hésitez pas à contacter l’équipe projet :

Joël JOLIVET - Association Nature Témoin

lundi 16 janvier 2023

Adieu, Bernard !


Ce matin, notre cher ami Bernard Magos nous a quittés.

Fondateur de notre association Nature-Témoin, notre honorable secrétaire avait reçu encore le titre de membre d'honneur de l'Union belge de Spéléologie, au mois de septembre. Il y a à peine quatre semaines, nous l'avons accompagné avec Anne-Marie lors d'une dernière ambiance en grotte, à l'anniversaire de la découverte de la grotte Chauvet, en présence de ses amis Jean-Marie, Eliette et Christian. Il y a une semaine, Bernard nous réclamait encore une autre moules-frites et sa petite bière.

Après le 7me Cièl à la Cigalère, le 8me Cièl à Hotton, les 100 mammouths à Rouffignac, 43 ans de bonheur avec Marianne, des centaines de découvertes spéléologiques partagées avec ses amis à travers Nature-Témoin, aujourd'hui Bernard Magos est reparti en solo à la découverte du 9me Ciel.

Ses obsèques se tiendront le vendredi 20 janvier 2023 à 15 heures à Issirac.





mercredi 4 janvier 2023

Les grottes sous la lueur vacillante de l'éco-flambeau


Myriam tient un flambeau électronique (Photo: Jean-Marie Chauvet)
Conception © Nature-Témoin Issirac

Une grande partie de l'année 2022 nous a occupé à développer une version moderne de la torche préhistorique. Cela veut dire: comme l'utilisaient les préhistoriques en grotte, mais sans feu, ni fumée. Sans aucun impact sur le milieu souterrain, propre et sans matériaux combustibles, disons plutôt écoresponsable.

Il nous a fallu beaucoup de recherches sur le rendement lumineux et les sortes d'éclairage (foyer au sol, lampe à graisse style brûloir, torche tenue en main...), selon le type de cavité et surtout son volume. Il n'existe que quelques thèses et une poignée de publications sur le sujet, mais nous avons pu profiter des recherches publiés par nos amis Didier 'Titi' Sebastianutti et Thierry Félix (Du feu à la lampe. Parois & lumières, dans: Sites préhistoriques de plein air en Périgord Noir, D. Sébastianutti, Dolmen éditions 2020).


Prises de vue réalisée avec seule ambiance lumineuse rendue par une lampe à suif et sans apport de lumière artificielle. (Photos: Viviane Sébastianutti, 2018)

Nous avons expérimenté avec toute sorte de petites LED, les diodes électroluminescentes comme celles dans nos lampes spéléo. L'imprimante 3D a tourné à fond. La version définitive est imprimée en PETG ou polyester glycolisé, mais pour les prototypes nous avons utilisé du filament PLA (acide polylactique) sur base d'amidon, 100% biodégradable, tout en respectant le tri, la collecte et le recyclage des déchets ainsi que la réutilisation de composants et matériaux.




Et enfin, nous sommes partis sous terre pour effectuer nos essais. Ce qui nous a permis de remarquer que la flamme vacillante permet de voir la grotte sous un autre regard. De constater que la flamme révèle des formes, fait bouger les oeuvres, porte des ombres, et rend mieux visible ce que l'on ne voit pas à la frontale blanche qui grille l'image... Cela nous a même permis de découvrir quelques traits que l'on ne connaissait pas encore.

Du coup, plein de raisons pour nos projets de recherches! Et plein de raisons pour partager notre connaissance, ce qui permettra de faire même des économies d'électricité, dans le cadre de la transition écologique et énergétique...

A partir d'aujourd'hui et jusqu'à la fin mars, le public pourra visiter la grotte Chauvet 2 à la lueur d'une telle torche, développée par les spéléologues de Nature-Témoin.



samedi 24 décembre 2022

Nouvelles espèces et climatoscepticisme

Ce matin, le pluviomètre de Labastide (iSalavas3) totalise 683 mm de précipitations pour 2022. Pour une commune des Gorges de l'Ardèche, on atteint à peine 2/3 de la normale de 1073 mm d'Aubenas, ville ardéchoise où il manque déjà 225 mm de pluie cette année.
En rive gauche de la rivière, le plateau connaît un déficit pluvieux de 25%, la rive droite est déficitaire de 35%. C'est la deuxième année consécutive où le département de l'Ardèche a connu que 845 millimètres de pluie.
La moitié de cette pluie est tombée en 3 épisodes extrêmes, assez tardivement, mais cela n'a pas sauvé les besoins de l'année 2022. Malgré les courtes inondations, coulées de boue, de plus en plus classées comme catastrophes naturelles, comme le sont aussi les mouvements de terrain à cause de la sécheresse.

 
Mesures départementales contre la séchersse (07) - Inondations à Saint-Marcel d'Ardèche
(source: Préfecture de l'Ardèche & Commune de St-Marcel)

Les rivières d'Ardèche suivent un régime de type Cévenol, avec des crues souvent violentes en automne ... Mais l'eau ne fait que passer dans les Gorges de l'Ardèche: pendant toute l'été, le bilan était légèrement négatif : la quantité d'eau sortant des Gorges à Sauze était plus petite que celle entrant à Vallon Pont d'Arc. La rivière a donc alimenté le karst de l'interfluve Cèze-Ardèche, tombé quasiment à sec au printemps, et ceci jusqu'à la fin d'octobre!


 
Vue panoramique de la Cèze aux Sources de Monteils
(photo: Nature-Témoin 10/2022)

Nous constatons l'effet de l'assèchement, mais aussi du réchauffement climatique sur les quantités de gaz carbonique sous terre. Par manque de gel prolongé, depuis au moins ces 8 derniers hivers, le dégazage des grottes commence de plus en plus tard. Ce dégazage ne se fera probablement plus du tout, comme nous avons pu le constater déjà l'an dernier dans plusieurs cavités.
La montée du taux de gaz carbonique atmosphérique se produit aujourd'hui à une cadence de 100x plus rapide que lors de la fin de la dernière glaciation.

Les extrêmes thermiques se présentent plutôt au-dessus qu'en dessous des normales. Si la météo attend -55°C en Amérique pour Noël 2022, aujourd'hui les gens étaient en T-shirt à la plage de Biarritz.
La seule journée de neige de l'année et les petites gelées à la mi-décembre réjouira peut-être les climatonégationistes autour de votre bûche de Noël. Ils diront certainement que la nature s'auto-corrige. Mais ce n'était qu'une vaguelette de froid. L'indicateur thermique national (ITN) de 2022 les calmera sûrement:

Selon les données d'Infoclimat 2022, cette année il y avait 112 jours avec 3° au-dessus des normes contre 8 jours de 3° en-dessous des normales 1981-2010.

Si la dégradation de la biodiversité à cause de l'influence anthropique ne fait aucun doute, il est aussi important de rapporter les bonnes nouvelles : 146 nouvelles espèces ont été décrites en 2022 et chaque découverte enrichit l'arbre du vivant.
Parmi les nouvelles espèces, les chercheurs recensent « 44 lézards, 30 fourmis, 14 limaces de mer, 14 plantes à fleurs, 13 étoiles de mer, 7 poissons, 4 coléoptères, 4 requins, 3 papillons de nuit, 3 vers, 2 scorpions, 2 araignées, 2 lichens, 1 crapaud, 1 palourde, 1 puceron et 1 oursin plat », décrit un communiqué.

Mais l'an dernier, sur 142 577 espèces étudiées par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), 40 084 étaient menacées de disparaître et plus de 8722 reconnues comme « en danger critique.» Chaque année, c’est plus de 26 000 espèces animales et végétales qui s’éteignent à un rythme de 100 fois supérieur au rythme normal de disparition des vertébrés enregistré au cours des deux derniers millions d’années. La sixième extinction de masse est enclenchée.

Les humains survivront-t-ils à l’effondrement de la biodiversité ? Il semble évident que l’humanité soit imbriquée avec son écosystème. Si la biodiversité s’écroule, elle ne pourra évidemment plus assurer les services écosystémiques.
L’humanité peut-elle exister décemment dans ces conditions, si elle se positionne de plus en plus en mode d'auto-destruction et qu'elle ne pense qu'au profits d'aujourd'hui? Que penser d'une commission européenne qui ferme les yeux et laisse continuer le commerce du diamant russe à Anvers, pendant que la Belgique fait du lobby contre des sanctions, ou de nos gouvernements qui ne font pas taire les armes qui tuent chaque jour des milliers de gens? 
Malgré, la conscience collective qu'il faut commencer à vivre autrement et respecter les ressources de notre Planète, les efforts que nous avons tous effectués ces dernières années ont déjà été anéanties par les conséquences de la guerre. Que penser du redémarrage des centrales à charbon pour produire de l'électricité, pendant qu'on obligera bientôt qu'on achète un véhicule électrique? Laquelle on voit se recharger sur des aires de parking, le groupe électrogène qui tourne pendant que le chauffeur prend son picnic?
Le blabla de nos politiques et les promesses qu'ils font lors des COP ne restent que parole morte.

Malgré tout, on vous souhaite un joyeux Noël et une année 2023 pleine d'amour, de paix et de bonne conscience pour une transition écologique de façon intelligente !

mardi 6 décembre 2022

Bonne fête à la Salle du GASOiL !

Les tournesols qui fleurissent exceptionnellement au jardin me rappellent à la seule occasion où j’en ai vu en hiver. C’était à Massargues, à l’inauguration de l’entrée de l’Aven Flandin, où une dizaine de la sous-espèce Hélianthus annuus papicatuus poussaient autour de l’entrée.

Aujourd’hui, c’est la fête du Saint-Nicolas pour les belges. Mais pour les spéléos Gardéchois c’est la fête de la découverte de la salle du GASOiL du 6 décembre 2012, il y a exactement 10 ans.

C’était à peine trois semaines après notre première session de désob à la Grotte Flandin, le 17 novembre 2012, quand Raph Benini et moi avions commencé à élargir la cheminée. Juste au-dessus d'un rocher à enlever, il y avait du vide… Bonne nouvelle: le courant d'air partait dans la suite !

Quelques mois plus tôt, ou plutôt deux car réveillés par la nouvelle que le club d’Aubenas venait d’atteindre -50 à la Baume Flandin, Noë Vergez et Mickaël Leroy avaient revu la cheminée à la Grotte Flandin. Noë est arrivé à passer le coude jusqu'au bas de la cheminée. Ils jugaient l'état d'avancement 'assez important', vu le courant d'air et le fait que Noë ne manquait pas grand chose pour monter plus haut dans le noir.

Quelques années auparavant, Bernard Magos, curieux de savoir s’il y avait du vide, là où nous avions abandonné notre labeur à la massette en août 2008, y avait hissé sa caméra sur perche. En retirant le tout, sa lampe à coincé et son éclairage était resté condamné dans une anfractuosité, 5 m plus haut … Autant d’échecs que d’essais, après les spéléos d’Orgnac, Aubenas et Privas, début des années 2000 … le 12 octobre 2012 lors d’une réunion de ce qui allait devenir le GASOiL, nos spéléos décident de se mettre à la désobstruction de cette cheminée au-dessus du terminus à la Grotte Flandin, déjà entrevu lors de sa découverte en 1973 par les pionniers de la Section spéléologique d’Orgnac.

Autre petite anecdote: le 17 novembre 2012, sur les hauts de Massargues, nous étions accompagnés de Jean-Marie Chauvet (souhaitant aussi être présent pour la désob de la chatière verticale), Eliette Brunel, Jean-Pierre Giangiordano, Christian Haon, Salvator 'Dodor' Terres. Le programme était d'effectuer des essais de captage vidéo dans la salle des Colonnes, pendant que Raph et moi commencaient la désob au-dessus du Gour des Massues.
Nous avons cherché pendant une heure pour retrouver la grotte, car notre repère, le pylône de haute-tension à 50 m de l'entrée, venait d'être enlevé. Car quelques semaines auparavant, on avait enterré la ligne h.t. sous la route de Barjac... et tout le monde pensait retrouver l'entrée les doigts dans le nez!!
Finalement, la vidéo et la désob se sont faites, et c'est Dodor qui est allé mettre la tête là-haut en premier, pour voir le résultat de nos travaux.

Mais revenons au cadeau du Saint-Nicolas 2012 et nos 3 descentes successives à l’Escalade des Anorexiques ce jour-là, peu après la découverte de Salle de la Lampe(J) au-dessus de la Liposuccion Spontanée. Notre équipe d’exploration se confirmait par les participations régulières de Pierre Gerault, Noë et Mickaël, Stéphane Tocino, Alain Papillard et Catherine Madeuf, après la venue de Chrystelle et Myriam qui étaient très contentes d’avoir vu la grande salle mais ne préféraient pas passer jusqu’aux Massues à -29. A la place, elles nous préparaient d’excellentes soupes et clafoutis. Plus Raph et moi, c’était donc cette joyeuse dizaine qui s’occupaient du projet.

Ce matin du 6 décembre, en plein régime pré-Noël (par précaution: manger beaucoup moins de pain et de frites, boire davantage de rouge pour mieux absorber le gaz carbonique, dormir en position bras croisés espérant réduire la largeur de mes épaules) j'étais au marteau et burin en train d’élargir le soupirail au-dessus d’un évasement que Pierre agrandissait, quand je lui entendais prononcer les paroleshistoriques ERIK JE CRAINS QUE JE SUIS EN TRAIN DE PASSER, LA!!! Puis, on entendait un echo formidable en-dessous de nos pieds...

 

A peine sorti pour chercher de quoi à tirer, je redescends avec Myriam et sa copine, mais tout en bas je continuais seul pour rejoindre Stéphane pour agrandir, car ce n’était pas encore gagné et nos accus se vidaient vite. Vers 17h30, nous étions relayés par Mickaël et Raph avec les gros moyens. Ils élargissaient encore 3 étroitures dans le Puits du Lotus (les adeptes des forages en 400mm diamètre 8 sauront pourquoi on retrouve parfois des petits morceaux de papier rose collés partout !) En fin de soirée, Raph mit pied dans le vestibule de la future Salle du G.A.S.O.I.L.

C’était l’euphorie totale, après 8 sessions de désobstruction des 11 étroitures, mais on s’est arrêté là pour faire la première tous ensemble et on va donc tenir le cadenas fermé jusque lundi matin à 8h30 pour baliser, topographier, photographier. Ça laisse le weekend pour faire le planning et organiser les matos.

(mel de Mika) «… La voie est libre dans le puits! Raph est descendu en premier et se fut une belle surprise quand je l'ai rejoint. Enfin un trou qui ressemble à quelque chose!!! On est arrivé dans une belle salle d'environ 20 m de long sur 7 de large avec 5-6 m sous plafond. De superbes concrétions et de la calcite de partout. Penser à enlever les bottes et prévoir un balisage. Un grand gour limpide d'au moins un mètre de profondeur et plein de départ qu'on n’est pas aller voir. Prévoir de la corde et un peu de matos d'escalade pour voir les départs en hauteur lors des prochaines visites. Ne cherchez pas à me téléphoner, je vais me coucher je suis naz. Bravo, bonne soirée à tous et faites de beaux rêves de première... »

 



jeudi 22 septembre 2022

Pêche aux outils scientifiques

Depuis le début de l'année 2022, Nature-Témoin a participé à l'organisation de la 6me journée 'Pêche aux outils scientifiques', le lancement du support méthodologique pour quantifier les interactions karst/rivière, rencontres inter réseaux cours d'eau animées par l'association GRAIE en appui sur les réseaux scientifiques des Zones Atelier Bassin-versant du Rhône et les réseaux professionnels de l'ARRA2, du ARPE-RRGMA, du RésO, du réseau des CEN et de FCEN, en partenariat avec l'Agence de l'Eau Rhône-Méditerranée.

Dans un contexte de changement climatique impliquant l'augmentation de sécheresses, il est nécessaire d'agir pour gérer la rareté de la ressource en eau. Cela passe par la connaissance des volumes maximums prélevables, afin d’effectuer des prélèvements conformes avec la ressource disponible, sans perturber le fonctionnement des milieux naturels.
Un manque de connaissances subsiste concernant la ressource karstique, alors que les formations calcaires favorables à la karstification constituent environ 35% de la surface de la France métropolitaine.
Pour répondre à ces objectifs, des outils permettant de caractériser les échanges entre rivière et nappe en milieu karstique, ont été développés, et testés sur le site des gorges de la Cèze. Le GRAIE propose ainsi de faire découvrir le support méthodologique rassemblant ces outils, développé par les chercheurs de la ZABR.

L’objectif général de cette pêche aux outils scientifiques est d’apporter des éléments de connaissances et des outils de diagnostic sur les échanges karst/rivière. Plus précisément il s’agit de :

  • Permettre aux gestionnaires de milieux aquatiques et aux chercheurs d’échanger sur une problématique commune, confronter les méthodes et savoirs;
  • Comprendre le fonctionnement des différents outils de caractérisation des échanges karst-rivière et la méthodologie permettant de les articuler entre eux;
  • Prendre part à une démonstration concrète d’application sur le terrain avec la mise en pratique des outils;
  • Contribuer à une réflexion globale en termes de gestion et de préservation de la ressource en eau.
 

Le 22 septembre enfin, la fameuse journée a eu lieu sous le soleil, au deuxième jour de l'automne, avec même un tout petit peu d'eau dans la Cèze, grâce à l'épisode pluvieux la semaine dernière ! 
 
... à sec pendant 2 mois << La Cèze devant Monteil >> presqu'à sec, après l'épisode...

Présente comme association "rivières du bassin", Nature-Témoin a pris pour son compte 5 interventions de J. Jolivet et E. Van den Broeck.

Deux cars ont baladé les participants à partir de Barjac jusqu'au plateau de Méjannes, sur divers sites clé dans la vallée de la Cèze, pour la présentation des outils et les ateliers: près du pont de Tharaux, au Sources de Monteil, où il y avait le picnick convivial, puis à Goudargues.

  • A. Clémens (GRAIE- ZABR) a ouvert la session pour présenter la Zone Atelier Bassin du Rhône.  
  • L. Cadilhac (Agence de l'eau RMC) est venu parler des enjeux et de l'origine du projet à l'échelle du bassin du Rhône.
  • F. Paran (EVS Mines St-Etienne) a présenté le support méthodologique des interactions karst-rivière et des outils.
  • S. Lalauze (EPTB Ardèche) a parlé des enjeux sur l'Ardèche et des intérêts d'une collaboration par rapport à la méthode Cèze sur la campagne Ardèche, actuellement en cours (2021-2024).
  • H. Brentegani (AB Cèze) a présenté le contexte géologique et le site de Tharaux et les problématiques et enjeux rencontrés sur le site de la Cèze.
  • J. Jolivet (NT) a présenté de la source de Monteil au sein des gorges karstiques.
  • Un premier atelier de mesures de conductivité, le profil en long thermique, altimétrique, détection des apports d'eaux karstiques inconnus par survol aérien est présenté par D. Graillot et S. Peuble (EVS Mines St-Etienne), H. Chapuis (RIEau) et J. Jolivet (NT).
  • V. Lavastre a démonstré les outils de géochimie pour préciser le temps de résidence dans le karst, complémentaire au diagnostic géologique.
     
     

    pompage à 1m70 de profondeur dans le sédiment: niphargus !

  • Au deuxième atelier, F. Malard (LEHNA-Lyon 1) a démonstré l'outil de biologie 'Invertébrés interstitiels' et a donné des informations sur la biodiversité de la rivière, complémentaire au jaujeage différentiel et à l'IRT, pour diagnostiquer à la fois du karst vers la rivière et vice-versa.
  • Le troisième atelier était organisé par Nature-Témoin (J. Jolivet et E. Van den Broeck):
    • Traçages artificiels, identifier les connexions et directions d'écoulement, estimation du temps de séjour des eaux.
       
                        interventions NT devant les Sources de Monteil... A SEC !!

    • Démonstration du matériel: traceurs fluorescents, outils et capteurs passifs, actifs et électroniques, démonstration d'appareils sous développement lesquels permettent d'économiser sur le coût, le volume et le poids des instruments, de faciliter les multitraçages, de réduire les faux positifs, d'identifier des fluorescences naturelles, d'identifier des polluants par l'utilisation de canaux complémentaires d'excitation et de détection sur toute la gamme des longueurs d'ondes allant de l'ultra-violet jusqu'aux infrarouges, possibilité de rajouter des capteurs de conductivité-température-profondeur-pression-courant, possibilités de télétransmission et chargement par induction.

  • J. Jolivet (NT) a présenté le site et fonctionnement des sources de Goudargues.
  • D. Graillot et S. Peuble (EVS Mines St-Etienne), H. Chapuis (RIEau) et J. Jolivet (NT) ont fait le bilan de la conductivité, le transfert et la synthèse, en quoi cela a servi pour les études des sites.
  • Un atelier par H. Brentegani (AB Cèze) et D. Graillot (EMSE) a démonstré le matériel des sondes d'enregistrement CTD pour les chroniques de données pour les sources, le suivi de la conductivité, des débits et la température.
  • En atelier, H. Chapuis (Bureau d'Etudes RIEau) a démonstré la manipulation de l'outil du courantomètre pour le jaujeage différentiel, les débits d'apports et pertes, l'évolution spatiale et temporelle des débits, le bilan des pertes et apports amont et aval.




    (crédit photos: F. Paran & E. VdBroeck)