samedi 24 décembre 2022

Nouvelles espèces et climatoscepticisme

Ce matin, le pluviomètre de Labastide (iSalavas3) totalise 683 mm de précipitations pour 2022. Pour une commune des Gorges de l'Ardèche, on atteint à peine 2/3 de la normale de 1073 mm d'Aubenas, ville ardéchoise où il manque déjà 225 mm de pluie cette année.
En rive gauche de la rivière, le plateau connaît un déficit pluvieux de 25%, la rive droite est déficitaire de 35%. C'est la deuxième année consécutive où le département de l'Ardèche a connu que 845 millimètres de pluie.
La moitié de cette pluie est tombée en 3 épisodes extrêmes, assez tardivement, mais cela n'a pas sauvé les besoins de l'année 2022. Malgré les courtes inondations, coulées de boue, de plus en plus classées comme catastrophes naturelles, comme le sont aussi les mouvements de terrain à cause de la sécheresse.

 
Mesures départementales contre la séchersse (07) - Inondations à Saint-Marcel d'Ardèche
(source: Préfecture de l'Ardèche & Commune de St-Marcel)

Les rivières d'Ardèche suivent un régime de type Cévenol, avec des crues souvent violentes en automne ... Mais l'eau ne fait que passer dans les Gorges de l'Ardèche: pendant toute l'été, le bilan était légèrement négatif : la quantité d'eau sortant des Gorges à Sauze était plus petite que celle entrant à Vallon Pont d'Arc. La rivière a donc alimenté le karst de l'interfluve Cèze-Ardèche, tombé quasiment à sec au printemps, et ceci jusqu'à la fin d'octobre!


 
Vue panoramique de la Cèze aux Sources de Monteils
(photo: Nature-Témoin 10/2022)

Nous constatons l'effet de l'assèchement, mais aussi du réchauffement climatique sur les quantités de gaz carbonique sous terre. Par manque de gel prolongé, depuis au moins ces 8 derniers hivers, le dégazage des grottes commence de plus en plus tard. Ce dégazage ne se fera probablement plus du tout, comme nous avons pu le constater déjà l'an dernier dans plusieurs cavités.
La montée du taux de gaz carbonique atmosphérique se produit aujourd'hui à une cadence de 100x plus rapide que lors de la fin de la dernière glaciation.

Les extrêmes thermiques se présentent plutôt au-dessus qu'en dessous des normales. Si la météo attend -55°C en Amérique pour Noël 2022, aujourd'hui les gens étaient en T-shirt à la plage de Biarritz.
La seule journée de neige de l'année et les petites gelées à la mi-décembre réjouira peut-être les climatonégationistes autour de votre bûche de Noël. Ils diront certainement que la nature s'auto-corrige. Mais ce n'était qu'une vaguelette de froid. L'indicateur thermique national (ITN) de 2022 les calmera sûrement:

Selon les données d'Infoclimat 2022, cette année il y avait 112 jours avec 3° au-dessus des normes contre 8 jours de 3° en-dessous des normales 1981-2010.

Si la dégradation de la biodiversité à cause de l'influence anthropique ne fait aucun doute, il est aussi important de rapporter les bonnes nouvelles : 146 nouvelles espèces ont été décrites en 2022 et chaque découverte enrichit l'arbre du vivant.
Parmi les nouvelles espèces, les chercheurs recensent « 44 lézards, 30 fourmis, 14 limaces de mer, 14 plantes à fleurs, 13 étoiles de mer, 7 poissons, 4 coléoptères, 4 requins, 3 papillons de nuit, 3 vers, 2 scorpions, 2 araignées, 2 lichens, 1 crapaud, 1 palourde, 1 puceron et 1 oursin plat », décrit un communiqué.

Mais l'an dernier, sur 142 577 espèces étudiées par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), 40 084 étaient menacées de disparaître et plus de 8722 reconnues comme « en danger critique.» Chaque année, c’est plus de 26 000 espèces animales et végétales qui s’éteignent à un rythme de 100 fois supérieur au rythme normal de disparition des vertébrés enregistré au cours des deux derniers millions d’années. La sixième extinction de masse est enclenchée.

Les humains survivront-t-ils à l’effondrement de la biodiversité ? Il semble évident que l’humanité soit imbriquée avec son écosystème. Si la biodiversité s’écroule, elle ne pourra évidemment plus assurer les services écosystémiques.
L’humanité peut-elle exister décemment dans ces conditions, si elle se positionne de plus en plus en mode d'auto-destruction et qu'elle ne pense qu'au profits d'aujourd'hui? Que penser d'une commission européenne qui ferme les yeux et laisse continuer le commerce du diamant russe à Anvers, pendant que la Belgique fait du lobby contre des sanctions, ou de nos gouvernements qui ne font pas taire les armes qui tuent chaque jour des milliers de gens? 
Malgré, la conscience collective qu'il faut commencer à vivre autrement et respecter les ressources de notre Planète, les efforts que nous avons tous effectués ces dernières années ont déjà été anéanties par les conséquences de la guerre. Que penser du redémarrage des centrales à charbon pour produire de l'électricité, pendant qu'on obligera bientôt qu'on achète un véhicule électrique? Laquelle on voit se recharger sur des aires de parking, le groupe électrogène qui tourne pendant que le chauffeur prend son picnic?
Le blabla de nos politiques et les promesses qu'ils font lors des COP ne restent que parole morte.

Malgré tout, on vous souhaite un joyeux Noël et une année 2023 pleine d'amour, de paix et de bonne conscience pour une transition écologique de façon intelligente !

mardi 6 décembre 2022

Bonne fête à la Salle du GASOiL !

Les tournesols qui fleurissent exceptionnellement au jardin me rappellent à la seule occasion où j’en ai vu en hiver. C’était à Massargues, à l’inauguration de l’entrée de l’Aven Flandin, où une dizaine de la sous-espèce Hélianthus annuus papicatuus poussaient autour de l’entrée.

Aujourd’hui, c’est la fête du Saint-Nicolas pour les belges. Mais pour les spéléos Gardéchois c’est la fête de la découverte de la salle du GASOiL du 6 décembre 2012, il y a exactement 10 ans.

C’était à peine trois semaines après notre première session de désob à la Grotte Flandin, le 17 novembre 2012, quand Raph Benini et moi avions commencé à élargir la cheminée. Juste au-dessus d'un rocher à enlever, il y avait du vide… Bonne nouvelle: le courant d'air partait dans la suite !

Quelques mois plus tôt, ou plutôt deux car réveillés par la nouvelle que le club d’Aubenas venait d’atteindre -50 à la Baume Flandin, Noë Vergez et Mickaël Leroy avaient revu la cheminée à la Grotte Flandin. Noë est arrivé à passer le coude jusqu'au bas de la cheminée. Ils jugaient l'état d'avancement 'assez important', vu le courant d'air et le fait que Noë ne manquait pas grand chose pour monter plus haut dans le noir.

Quelques années auparavant, Bernard Magos, curieux de savoir s’il y avait du vide, là où nous avions abandonné notre labeur à la massette en août 2008, y avait hissé sa caméra sur perche. En retirant le tout, sa lampe à coincé et son éclairage était resté condamné dans une anfractuosité, 5 m plus haut … Autant d’échecs que d’essais, après les spéléos d’Orgnac, Aubenas et Privas, début des années 2000 … le 12 octobre 2012 lors d’une réunion de ce qui allait devenir le GASOiL, nos spéléos décident de se mettre à la désobstruction de cette cheminée au-dessus du terminus à la Grotte Flandin, déjà entrevu lors de sa découverte en 1973 par les pionniers de la Section spéléologique d’Orgnac.

Autre petite anecdote: le 17 novembre 2012, sur les hauts de Massargues, nous étions accompagnés de Jean-Marie Chauvet (souhaitant aussi être présent pour la désob de la chatière verticale), Eliette Brunel, Jean-Pierre Giangiordano, Christian Haon, Salvator 'Dodor' Terres. Le programme était d'effectuer des essais de captage vidéo dans la salle des Colonnes, pendant que Raph et moi commencaient la désob au-dessus du Gour des Massues.
Nous avons cherché pendant une heure pour retrouver la grotte, car notre repère, le pylône de haute-tension à 50 m de l'entrée, venait d'être enlevé. Car quelques semaines auparavant, on avait enterré la ligne h.t. sous la route de Barjac... et tout le monde pensait retrouver l'entrée les doigts dans le nez!!
Finalement, la vidéo et la désob se sont faites, et c'est Dodor qui est allé mettre la tête là-haut en premier, pour voir le résultat de nos travaux.

Mais revenons au cadeau du Saint-Nicolas 2012 et nos 3 descentes successives à l’Escalade des Anorexiques ce jour-là, peu après la découverte de Salle de la Lampe(J) au-dessus de la Liposuccion Spontanée. Notre équipe d’exploration se confirmait par les participations régulières de Pierre Gerault, Noë et Mickaël, Stéphane Tocino, Alain Papillard et Catherine Madeuf, après la venue de Chrystelle et Myriam qui étaient très contentes d’avoir vu la grande salle mais ne préféraient pas passer jusqu’aux Massues à -29. A la place, elles nous préparaient d’excellentes soupes et clafoutis. Plus Raph et moi, c’était donc cette joyeuse dizaine qui s’occupaient du projet.

Ce matin du 6 décembre, en plein régime pré-Noël (par précaution: manger beaucoup moins de pain et de frites, boire davantage de rouge pour mieux absorber le gaz carbonique, dormir en position bras croisés espérant réduire la largeur de mes épaules) j'étais au marteau et burin en train d’élargir le soupirail au-dessus d’un évasement que Pierre agrandissait, quand je lui entendais prononcer les paroleshistoriques ERIK JE CRAINS QUE JE SUIS EN TRAIN DE PASSER, LA!!! Puis, on entendait un echo formidable en-dessous de nos pieds...

 

A peine sorti pour chercher de quoi à tirer, je redescends avec Myriam et sa copine, mais tout en bas je continuais seul pour rejoindre Stéphane pour agrandir, car ce n’était pas encore gagné et nos accus se vidaient vite. Vers 17h30, nous étions relayés par Mickaël et Raph avec les gros moyens. Ils élargissaient encore 3 étroitures dans le Puits du Lotus (les adeptes des forages en 400mm diamètre 8 sauront pourquoi on retrouve parfois des petits morceaux de papier rose collés partout !) En fin de soirée, Raph mit pied dans le vestibule de la future Salle du G.A.S.O.I.L.

C’était l’euphorie totale, après 8 sessions de désobstruction des 11 étroitures, mais on s’est arrêté là pour faire la première tous ensemble et on va donc tenir le cadenas fermé jusque lundi matin à 8h30 pour baliser, topographier, photographier. Ça laisse le weekend pour faire le planning et organiser les matos.

(mel de Mika) «… La voie est libre dans le puits! Raph est descendu en premier et se fut une belle surprise quand je l'ai rejoint. Enfin un trou qui ressemble à quelque chose!!! On est arrivé dans une belle salle d'environ 20 m de long sur 7 de large avec 5-6 m sous plafond. De superbes concrétions et de la calcite de partout. Penser à enlever les bottes et prévoir un balisage. Un grand gour limpide d'au moins un mètre de profondeur et plein de départ qu'on n’est pas aller voir. Prévoir de la corde et un peu de matos d'escalade pour voir les départs en hauteur lors des prochaines visites. Ne cherchez pas à me téléphoner, je vais me coucher je suis naz. Bravo, bonne soirée à tous et faites de beaux rêves de première... »

 



jeudi 22 septembre 2022

Pêche aux outils scientifiques

Depuis le début de l'année 2022, Nature-Témoin a participé à l'organisation de la 6me journée 'Pêche aux outils scientifiques', le lancement du support méthodologique pour quantifier les interactions karst/rivière, rencontres inter réseaux cours d'eau animées par l'association GRAIE en appui sur les réseaux scientifiques des Zones Atelier Bassin-versant du Rhône et les réseaux professionnels de l'ARRA2, du ARPE-RRGMA, du RésO, du réseau des CEN et de FCEN, en partenariat avec l'Agence de l'Eau Rhône-Méditerranée.

Dans un contexte de changement climatique impliquant l'augmentation de sécheresses, il est nécessaire d'agir pour gérer la rareté de la ressource en eau. Cela passe par la connaissance des volumes maximums prélevables, afin d’effectuer des prélèvements conformes avec la ressource disponible, sans perturber le fonctionnement des milieux naturels.
Un manque de connaissances subsiste concernant la ressource karstique, alors que les formations calcaires favorables à la karstification constituent environ 35% de la surface de la France métropolitaine.
Pour répondre à ces objectifs, des outils permettant de caractériser les échanges entre rivière et nappe en milieu karstique, ont été développés, et testés sur le site des gorges de la Cèze. Le GRAIE propose ainsi de faire découvrir le support méthodologique rassemblant ces outils, développé par les chercheurs de la ZABR.

L’objectif général de cette pêche aux outils scientifiques est d’apporter des éléments de connaissances et des outils de diagnostic sur les échanges karst/rivière. Plus précisément il s’agit de :

  • Permettre aux gestionnaires de milieux aquatiques et aux chercheurs d’échanger sur une problématique commune, confronter les méthodes et savoirs;
  • Comprendre le fonctionnement des différents outils de caractérisation des échanges karst-rivière et la méthodologie permettant de les articuler entre eux;
  • Prendre part à une démonstration concrète d’application sur le terrain avec la mise en pratique des outils;
  • Contribuer à une réflexion globale en termes de gestion et de préservation de la ressource en eau.
 

Le 22 septembre enfin, la fameuse journée a eu lieu sous le soleil, au deuxième jour de l'automne, avec même un tout petit peu d'eau dans la Cèze, grâce à l'épisode pluvieux la semaine dernière ! 
 
... à sec pendant 2 mois << La Cèze devant Monteil >> presqu'à sec, après l'épisode...

Présente comme association "rivières du bassin", Nature-Témoin a pris pour son compte 5 interventions de J. Jolivet et E. Van den Broeck.

Deux cars ont baladé les participants à partir de Barjac jusqu'au plateau de Méjannes, sur divers sites clé dans la vallée de la Cèze, pour la présentation des outils et les ateliers: près du pont de Tharaux, au Sources de Monteil, où il y avait le picnick convivial, puis à Goudargues.

  • A. Clémens (GRAIE- ZABR) a ouvert la session pour présenter la Zone Atelier Bassin du Rhône.  
  • L. Cadilhac (Agence de l'eau RMC) est venu parler des enjeux et de l'origine du projet à l'échelle du bassin du Rhône.
  • F. Paran (EVS Mines St-Etienne) a présenté le support méthodologique des interactions karst-rivière et des outils.
  • S. Lalauze (EPTB Ardèche) a parlé des enjeux sur l'Ardèche et des intérêts d'une collaboration par rapport à la méthode Cèze sur la campagne Ardèche, actuellement en cours (2021-2024).
  • H. Brentegani (AB Cèze) a présenté le contexte géologique et le site de Tharaux et les problématiques et enjeux rencontrés sur le site de la Cèze.
  • J. Jolivet (NT) a présenté de la source de Monteil au sein des gorges karstiques.
  • Un premier atelier de mesures de conductivité, le profil en long thermique, altimétrique, détection des apports d'eaux karstiques inconnus par survol aérien est présenté par D. Graillot et S. Peuble (EVS Mines St-Etienne), H. Chapuis (RIEau) et J. Jolivet (NT).
  • V. Lavastre a démonstré les outils de géochimie pour préciser le temps de résidence dans le karst, complémentaire au diagnostic géologique.
     
     

    pompage à 1m70 de profondeur dans le sédiment: niphargus !

  • Au deuxième atelier, F. Malard (LEHNA-Lyon 1) a démonstré l'outil de biologie 'Invertébrés interstitiels' et a donné des informations sur la biodiversité de la rivière, complémentaire au jaujeage différentiel et à l'IRT, pour diagnostiquer à la fois du karst vers la rivière et vice-versa.
  • Le troisième atelier était organisé par Nature-Témoin (J. Jolivet et E. Van den Broeck):
    • Traçages artificiels, identifier les connexions et directions d'écoulement, estimation du temps de séjour des eaux.
       
                        interventions NT devant les Sources de Monteil... A SEC !!

    • Démonstration du matériel: traceurs fluorescents, outils et capteurs passifs, actifs et électroniques, démonstration d'appareils sous développement lesquels permettent d'économiser sur le coût, le volume et le poids des instruments, de faciliter les multitraçages, de réduire les faux positifs, d'identifier des fluorescences naturelles, d'identifier des polluants par l'utilisation de canaux complémentaires d'excitation et de détection sur toute la gamme des longueurs d'ondes allant de l'ultra-violet jusqu'aux infrarouges, possibilité de rajouter des capteurs de conductivité-température-profondeur-pression-courant, possibilités de télétransmission et chargement par induction.

  • J. Jolivet (NT) a présenté le site et fonctionnement des sources de Goudargues.
  • D. Graillot et S. Peuble (EVS Mines St-Etienne), H. Chapuis (RIEau) et J. Jolivet (NT) ont fait le bilan de la conductivité, le transfert et la synthèse, en quoi cela a servi pour les études des sites.
  • Un atelier par H. Brentegani (AB Cèze) et D. Graillot (EMSE) a démonstré le matériel des sondes d'enregistrement CTD pour les chroniques de données pour les sources, le suivi de la conductivité, des débits et la température.
  • En atelier, H. Chapuis (Bureau d'Etudes RIEau) a démonstré la manipulation de l'outil du courantomètre pour le jaujeage différentiel, les débits d'apports et pertes, l'évolution spatiale et temporelle des débits, le bilan des pertes et apports amont et aval.




    (crédit photos: F. Paran & E. VdBroeck)

samedi 17 septembre 2022

Bernard Magos membre d'honneur de l'UBS

 

Bernard Magos, découvreur d'une salle à la célèbre grotte néandertalienne de Spy et du Trou Bernard à Belgique à l'âge de 18 ans, a sans doute la carrière de spéléologue la plus longue sur son palmarès de découvertes.
Citons-en quelques unes, comme sa présence en 1951 à la première expédition internationale à la Pierre Saint Martin où il était assistant de son maître Max Cosyns. Avec ses camarades du Spéléo-Club de Belgique, dont il est le co-fondateur, il se trouvaient là aussi en 1952, quand ils ont relayé l'alerte qu'un accident était survenu à Marcel Loubens dans le grand puits du Gouffre.

Ou à partir de 1954 à la Grotte de la Cigalère (Pyrénées Ariègeoises) comme cinéaste et explorateur, où avec une équipe franco-belge il a passé le terminus de Norbert Casteret. Bernard y a été honoré avec une salle qui porte son nom et y découvrît en solitaire la plus belle galerie de cristaux... dont Casteret lui écrit que "la splendeur atteint un degré inouï". C’est en 1955 que Bernard montre à Casteret, pendant une séance qui dure 20 heures, sa découverte de son «Couloir des Anges», suivi du «Septième Ciel», que Casteret qualifiera  "l’apothéose des cavernes", le plus beau et le plus exceptionnel sous terre que Casteret a vu dans sa carrière de spéléologue, et celui-ci lui conseille de garder ce lieu secret.

A partir de 1955, Bernard commence une carrière de conférencier avec ses documents sur le monde souterrain et montre régulièrement au public ses films et ses clichés pendant ses projections-conférences des «Splendeurs et Misères de la Spéléologie».

Mais c’était Norbert Casteret qui a fait le tour du monde en conférence avec... le film de Bernard Magos sur la Cigalère. Quand Bernard, avec ses camarades, ont ‘visité’ Casteret lors d’une conférence, celui-ci disait ne pas pouvoir lui payer. Dans une lettre manuscrite à Bernard Magos, Norbert Casteret lui "cède, avec le plus grand plaisir, les droits cinématographiques sur mes récits".
A Rouffignac (Dordogne), lors de la découverte des peintures préhistoriques, il participe aux recherches avec les Professeurs Nougier et Robert, rencontre l'Abbé Breuil pendant l'authentification en 1956, et réalise deux films.


En 1961, au Gouffre Martel (frontière franco-espagnole), Bernard fait une tentative de plongée du siphon terminal en vue de la jonction avec la Cigalère. Bernard réclame d'ailleurs être le seul et unique explorateur de l'intégralité de la Grotte de la Cigalère et du Gouffre Martel.
Encore en 1961, avec l'Abbé Stas, il réussit la perçée par l'intérieur d'une entrée aux Grottes de Hotton, ce qui permettra l'aménagement touristique de l'une des plus belles grottes de la Belgique, jusqu'à la salle du '«Huitième Ciel»En 1966, Bernard reçoit de la Mairie de la commune de Hotton en Belgique le Diplôme de Citoyen d’Honneur de la Ville de Hotton.


En 1971 Bernard quitte Paris pour s'installer à Issirac dans le Gard. En 1979 il accepte pour une saison la gestion de la Grotte touristique de la Forestière, puis en 1982 il tourne le premier reportage vidéo pour la promotion de l'Aven d'Orgnac.


Bernard  met sur pied des programmes d'initiations «A la découverte de la nature et des grottes» et en 1990, il fonde l’association «L’Image-Témoin», consacrée à la spéléologie, la vidéo et aux conférences. En 1998, L’Image-Témoin devient «Nature-Témoin» ce qui permet Bernard de partager ses découvertes et sa connaissance du monde souterrain par des initiations spéléologiques, et l’association sera affilié à la Fédération française de Spéléologie, FFS, et le Comité Départemental de Spéléologie du Gard, CDS30.
Bernard reste président de l’association Nature-Témoin jusqu’en 2010, puis est nommé honorable secrétaire à vie  pour qu'on poursuive en son honneur les recherches spéléo-scientifiques.


En 2001, Bernard publie en ‘Ecokarst’ de la Commission wallonne de protection de sites souterrains, son Plaidoyer pour la libre poursuite des explorations des réseaux souterrains protégés. Il a écrit ce texte pour les Assises de l’Environnement Karstique dans le Doubs (octobre 2001) :

« Tiemo hominem unis libri" (je crains l'homme d'un seul livre); cette sentence de St Thomas d'Haquin nous met en garde contre notre tendance à oublier la complexité des choses, lorsque nous sommes emportés par le zèle à faire triompher une mission méritoire.

On voit les mesures à prendre pour réaliser un idéal le plus parfait possible, on ne voit pas les entraves créées ainsi à toutes sortes d'autres activités qui elles aussi ont leur idéal légitime. Polarisé sur les buts à atteindre, on tombe insensiblement dans un certain radicalisme, puis dans des formes de fanatisme… ainsi une idée trop absolue de la protection ou bien l'adoption de mesures générales simplistes (du genre cent personnes par an et par groupes de 10 maximum dans telle cavité) peuvent induire toutes sortes d'effets pervers à l'encontre de l'éthique de la spéléologie, à savoir la découverte de nouveaux aspects de la nature, objets d'études pour la science, d'émerveillement personnel et de partage avec les autres.

D'ailleurs la logique de protection poussée jusqu'au bout signifierait le renoncement à toute incursion sous terre… et on sait bien ce qui se passe, lorsque sont adoptées de telles mesures ressenties comme abusives : effractions à coup d'explosif et même destructions à titre de vengeance…

Formulons le voeux qu'à l'avenir les responsables de la protection n'oublient pas que l'exploration d'une grotte n'est jamais terminée, qu'elle a aussi été découverte pour pouvoir être admirée et que si le critère de protection est justifié, celui de l'exploration et celui du partage le sont tout autant.

Ne scions pas la branche sur laquelle nous sommes assis… sinon il ne faudra pas s'étonner de voir les speléologues se refermer sur leurs secrèts» 

Ce couteau de paroles prophétiques coupe à double tranchant. Notre ami Bernard n’arrête jamais de partager sa connaissance du monde souterrain et ses découvertes. Et malheureusement, souvent il se fait démolir, menacer et même s’exclure de voir la suite de ses propres découvertes.


En février l'an dernier, le Conseil d'administration de l'Union Belge de Spéléologie (UBS) avait décidé d'octroyer à Bernard Magos le titre de Membre d'Honneur de l'Union Belge de Spéléologie, lors de la Fête de la Spéléologie, ce 17 et 18 septembre 2022.

 

Malgré son abstention de medicaments et l'application stricte de la diététique à base de produits naturels comme les algues vertes, la santé de Bernard, qui se repose actuellement en centre de soins, ne permet pas un déplacement en Belgique.
C'est pourquoi l'association Nature-Témoin a organisé aujourd'hui la remise du diplôme de Membre d'Honneur par lien vidéo entre le Gard et la Belgique. Avec Bernard, en live, parmi ses amis en France; à l'autre bout de la ligne les spéléos de Belgique.

BRAVO BERNARD !!


Bibliographie

  • A.R.S.H.A.L. (2003), Bibliographie et Historique des Explorations à la grotte de la Cigalère et le Gouffre Martel, Bulletins de l’ARSHAL de 1969 à 2003.
  • AVALON The Yellow Pages of Caving in Belgium (S.C. Avalon, www.scavalon.be)
  • BOULANGER P. (1966),  Grottes et Abîmes, éd. Latines, p. 140.
  • CAILLAULT (2009) Papy fait de la spéléologie (SpéléoMag 66, 2009)
  • CARELS E., MAGOS B., DODGE D. (1973) rapport d'expédition franco-belge CARSS du 1 au 15 août 1973, Plateau de Liat, Valle d'Aràn, Pyrénées espagnoles, archives BM passés à l'expédition Val d'Aran 2018-2022
  • CASTERET N. (1955), carte postale adressée à Bernard Magos.
  • CASTERET N. (1958), Au pays des eaux folles, A l’assaut des cascades de la Cigalère, Librairie Académique Perrin, avec des clichés de BM, pp. 119-124.
  • CHAILLOUX D. (1996) La Cigalère
  • COLLIGNON M., 1968, Le Trou Bernard, extrait du Bull. de la SSN, n°24, juillet 1965 à 1968, plan dressé par P. Vandersleyen, M. Collignon et J.M. François.
  • DE BLOCK G., De la Chantoire au Sotano : histoire de la spéléologie belge (Guy De Block) (Google books)
  • DERAMEE E. (2009), Le Spéléo-club de Belgique, Souvenirs du CAB extraits des carnets de souvenir de Jean-Marie Lechat, internet, 1 pg.
  • D’URSEL P. (1960), Un Joyau : la Cigalère ; Un film : Dimanche sous Terre ; Au Cœur des Montagnes, La Renaissance du Livre, 184 pp.
  • D’URSEL P. (1961), Dans la nuit des abîmes, Initiation à la spéléologie, Collection Pro Juventute, Editions du Soleil Levant, 64 pp.
  • D’URSEL P. (1962), L’ivresse des profondeurs. 30 ans de Cigalère. Collection Durendal, n°4- Mars 1962, 144 pp.
  • D’URSEL P., MAGOS B. (1964), Contribution à l’étude du réseau hydrologique Martel-Cigalère, Spélunca mémoires n°4, Actes du Congrès National de Spéléologie, Fédération française de Spéléologie FFS, p. 167.
  • D’URSEL P. (1965), Histoires grottesques, Livres du Temps, p. 5 (dédicace) & 167.
  • D’URSEL P., MAGOS B. (1967), Le réseau hydrologique Martel-Cigalère, Spélunca mémoires n°5, p. 209
  • FANUEL G. (2010), Découverte SSN au Trou Bernard, Bulletin de la SSN Société Spéléologique de Namur, p. 10.
  • GREBEUDE et. al. (2020), Bernard Magos, Regards n° 89, 1° semestre 2020, Bull. de l’Union belge de spéléologie.
  • GRIOSEL Y. (1959), Pyrénées souterraines, Editions Flammarion, 238 pp.
  • LARTIGUE A., 
  • L’Iconothéque du Dr Lartigue (Alain Lartigue, alainlartigue.wordpress.com)
  • MAGOS B., (1949-2022), Notes et archives personnelles, inédites. Nature-Témoin, Issirac.
  • MAGOS B., (1949-2022), Archives photographiques et cinématographiqes, inédites. Nature-Témoin, Issirac.
  • MAGOS B., (1954), Cigalère (Bruxelles)
  • MAGOS B., (2002), Plaidoyer pour le poursuite des explorations des réseaux souterrains protégés (Bernard Magos, Assises de l’Environnement Karstiques, Doubs, 2001), Ecokarst (Périodique du CWEPSS, N° 47, 2002)
  • MAGOS B. et al. (2011 & 2022), Observation d’art pariétal à la grotte de Saint-Marcel d’Ardèche. L’image-témoin. Editions Nature-Témoin, Issirac, 4 pp.
  • MORE YEARS More Years Under the Earth (Norbert Casteret, www.caves.org/section/hss/pu93v71.htm)
  • NOUGIER L.-R., ROBERT R., ALMAGRO M., BREUIL H. (1957), Rouffignac ou la guerre des mammouths, La Table Ronde, FéniXX rédition, 230 pp.
  • PEETERS F. (1962), Grotte de Hotton-Hampteau. mémoire de tous les détails et anecdotes de l’histoire de la découverte des grottes de Hotton par les membres du Spéléo Club de Belgique https://chroniqueshottonnaises.wordpress.com/2017/03/16/a-la-recherche-des-grottes-de-hotton-2
  • Le PROGRES, Exploration de Bernard Magos à la Cigalère (Journal Le Progrès du 29/10/1961)
  • S.C. DE BELGIQUE Historique des recherches spéléologiques à la Grotte de Hotton (Spéléo-Club de Belgique, www.speleoclubdebelgique.be)
  • S.C. de PARIS (1996) L’Histoire du SCP, bibliographie (Spéléo-Club de Paris)
  • VAN DEN ABEELE J.-P. (1958), Exploration de la Cigalère. La spéléologie depuis ses origines. A la découverte des mondes souterrains. Collection Les Chevaliers de l’Aventure n° 8. Editions du Soleil Levant. 192 p.
  • VAN DEN BOSSCHE D., Grottes de Hotton. Archives vidéo du RTBF, BRT-VRT, Ardenneweb.eu
  • WIKIPEDIA(www.wikipedia.com) et Google (www.google.com)


Cinématographie 
(Cinémathèque de la Communauté Française de Belgique, www.cinematheque.cfwb.be)

  • 1954 : Seul Sous Terre
  • 1954 : Cigalère 54
  • 1955 : Cigalère 55
  • 1955 : Fleurs de Cigalère
  • 1955 : Dimanche Sous Terre
  • 1956 : Rouffignac
  • 1957 : Irak – Turquie
  • 1958 : Italie – Sardaigne
  • 1959 : Corse
  • 1960 : Jeux Olympiques de Rome
  • 1960 : Yougoslavie
  • 1961 : Dans la Nuit des Abîmes
  • 1962 : Fleurs de Cigalère
  • 1963 : La Chasse aux Mammouths
  • 1964 : Merveilles des Gouffres
  • 1965 : Turquie Fabuleuse
  • 1966 : Portugal, Pays des Conquerants
  • 1967 : Maroc, à l’Aventure
  • 1969 : Espagne en Fête
  • 1970 : Java
  • 1971 : Yougoslavie, Eternel Défi
  • 1972 : Sortileges à Bali
  • 1973 : Explorations Sous Terre
  • 1976 : Portugal, Hier et Aujourd’hui
  • 1978 : Le Chant des Abîmes Cévenols
  • 1982 : Aven d’Orgnac
  • 1986 : Ce que j’ai vu Sous Tourre
  • 1992 : Le Trésor de VIX
  • 1993 : La Charbonnière d’Issirac
  • 2010 : Cigalère 1954 et Fleurs de la Cigalère, DVD, éditions Nature-Témoin, Issirac
  • 2011 : Weekend Pépère. Film inédit (I. Derreumaux)
  • 2016 : DVD Rouffignac, éditions Nature-Témoin, Issirac

Discographie (...quand même !!)

  • 1969 : 45T Yougoslavie
    Documents sonores recueillis et enregistrés avec P. D'Ursel

  • 2010 : DVD Cigalère 1954-55, éditions Nature-Témoin, Issirac
    ("Cigalère 54" + "Seul sous terre" : le film complet, montage de l'auteur ( env. 40 min.) - "Cigalère " (1954) : montage "commercial", version réduite ( diffusé en salles de cinéma en complément du film "Le tombeau hindou" de Fritz Lang ( 18 min.) - "Cigalère 55" : 16 mm. , réalisation B.M. ( env. 20 min.) - "Fleurs de Cigalère" : randonnée au " 7° ciel " de la Cigalère, réalisation Alain Lartigue et B.M. ( 8 min. ) + D'autres séquences tournées lors des expéditions des années suivantes ( env. 10 min.)


  • 2016 : DVD Rouffignac, éditions Nature-Témoin, Issirac
    ("Rouffignac, La grotte aux Cent Mammouths"  1956 + "La Chasse aux Mammouths" 1957, réédition sur DVD des films sur pellicule de 1956 et 1957)



samedi 30 juillet 2022

Mesures d’air et gaz carbonique à la grotte de Saint-Marcel d’Ardèche

Erik Van den Broeck – Joël Jolivet – Guido De Keyzer – Eric Saeys (NT)

En dehors des descentes classiques à la grotte de Saint-Marcel d’Ardèche, Nature-Témoin a effectué huit séances dédiées à la mesure des débits d’air et de gaz carbonique, pendant la saison chaude des années 2019-2022. Cette série de petites campagnes à pour but de commencer une chronique de mesures destinées à être utilisées, par exemple, dans le suivi des effets sur le karst par des changements climatiques, en rallonge de la campagne d'études Mines St-Etienne / Nature-Témoin / EPTB Ardèche / Agence de l'Eau-RMC, actuellement dans sa deuxième des quatre années.

La grotte de Saint-Marcel fait partie du système karstique de Saint-Marcel-d’Ardèche, long d’environ 65 kilomètres et actuellement le plus important du département de l’Ardèche. Il se trouve en partie dans la réserve naturelle nationale des gorges de l’Ardèche, ce qui explique l’intérêt de notre suivi. La grotte, située sur la commune de Bidon, appartient à la commune de Saint-Marcel d’Ardèche qui en exploite une partie pour des visites touristiques et spéléologiques.

Ce système karstique, organisé sur cinq niveaux superposés dont deux noyés, s’étend sur un dénivelé de 325 m, entre +218 et -107 m par rapport au niveau de l’Ardèche. Officiellement, il compte 6 entrées naturelles : l’entrée historique, la galerie fossile débouchant à 87 m NGF dans les gorges de l'Ardèche, appelée l’entrée naturelle ; les grottes Deloly et du Bateau, la perte de la Cadière et la source de l’Ecluse, s’ouvrant au niveau de la rivière Ardèche dans les Gorges ; et l’Aven de Noël, l’entrée située la plus haute. Cette dernière se trouve à l’altitude de 262 m NGF et jonctionne avec la grotte de Saint-Marcel dans ses étages inférieurs, sans qu’une traversée exondée ne soit possible. En prenant en compte l'importante Galerie du Lac et sa probable paléo-accès par la grotte de la Tête du Lion et des rumeurs sur l'existence d'autres entrées non-déclarées dans des terrains privés, on peut supposer que la compréhension des flux thermodynamiques serait encore plus compliquée.

Notre campagne de mesures ne prétend à aucune conclusion définitive, vu qu’elles ne se trouvent que dans un stade préliminaire où nous avons essayé de définir un certain protocole opérationnel, afin que la mesure devienne répétable selon une méthode bien définie. Nous venons de commencer seulement à relater ces premières données aux caractéristiques physiques, géologiques, hydrologiques du karst des gorges de l’Ardèche et aux conditions météorologiques environnantes. En cours de route, nous rencontrerons certainement d’autres facteurs à mettre en relation avec les données, afin d’optimiser les calculs ou les résultats.

Pour les opérations, nous avons utilisé le matériel suivant:

  • CO2-mètre/Oxymètre DuO2-vKing 4Yb NDIR avec hygromètre et thermomètre infrarouge
  • CO2-mètre Oldham C1100 avec SenseAir K30 NDIR
  • Oxymètre Greisinger GOX-100
  • Thermomètre à infrarouges Velleman
  • Anémomètre La Crosse à hélice
  • Bâche en PVC de 3x3 m avec opercule de mesure
  • Quelques rubans d’adhésif velcro
  • Leica Disto A3 avec carte DistoX1 par Beat Heeb
  • Palm Tungsten T3 avec logiciel Auriga Topo par Luc Le Blanc



Synthèse des mesures effectuées à la grotte de Saint-Marcel d’Ardèche
(actualisé 07/2022, Nature-Témoin)

Remarques:
- Les températures d'air, mesurées à l'ombre, ne correspondent en rien avec les relevés fait à Bourg, ni à Saint-Remèze, d'où l'importance de (re)mettre en opération une station météo extérieure dans le canyon des gorges de l'Ardèche. Nous ne pouvons pas insister assez sur la remise en marche de la station au bivouac de Gaud, par exemple.
Les mesures sur place diffèrent considérablement de celles des stations MétéoFrance, éloignées d'au moins de 10 kilomètres, par exemple:
à 9h30: 25.2 *C ( par rapport à la météo Gras: 19.8 *C; Bourg-St-Andéol: 20.6 *C; Prs: 1019.5 hPa Vent 12 kmh NNW rafales 27 kmh pluie 0)
à 15h30: 34.0 *C (par rapport à la météo météo Gras: 30.5 *C; Bourg-St-Andéol: 31.8 *C; Prs: 1018 hPa Vent 6 kmh SE rafales 18 kmh pluie 0)
- La mesure ponctuelle des débits d'air chargé à différent points dans la cavité montre que souvent, le taux de CO2 sous la Cathédrale, au niveau de la trappe du réseau III et au débouché de la galerie du Lac, est plus élevé qu'ailleurs dans la partie Sud de la cavité.
- La mesure ponctuelle des débits d'air chargé à différent points dans la grotte de Saint-Marcel montre que son entrée fossile débouchant dans les gorges de l'Ardèche, appelée l’entrée naturelle, n'est que l'exutoire d'une partie du flux d'air total du système. Des mesures en 2019 et 2020 ont montré qu'à l'étroiture "point 89" dans la galerie des Boas, un courant d'air N-S plus important existe que celui sortant par l'entrée naturelle. Afin de mieux comprendre ces flux d'air-carbone, il serait intéressant de répéter régulièrement, en hiver aussi qu’en été, les mesures dans les différents réseaux du système karstique de Saint-Marcel, en prenant note du rattachement physique de l'Aven de Noël à celui-ci.
- Sans disposer d'assez de données pour une représentation graphique, on constate d’année en année la tendance croissante en température et en volume d'air chargé sortant de l'entrée naturelle de la grotte de Saint-Marcel. En début de juillet 2022, ce débit d'air chargé a déjà atteint les valeurs des apogées d’été de 2020 et 2021, pour une sortie record de 12,6 tonnes de CO2 le jour du 02/07/2022 ou 146,6 grammes par seconde. C'est l'équivalent d'émission de CO2 sur un trajet d'un kilomètre par une voiture moyennement polluante, mais ici dans un contexte entièrement naturel.
Pourtant, les spéléologues du groupe de Bourg-Saint-Andéol, sortant ce jour-là de la cavité, nous confirmèrent que le taux de gaz carbonique maximal rencontré pendant leur visite n’était que de 1,6 %, ce qui est assez bas par rapport aux concentrations rencontrées dans ces grottes.
Il n’y a donc pas nécessairement besoin de constater une hausse de la concentration du CO2 pour s’exposer à davantage de gaz carbonique…

Il est important de noter que l’entrée « naturelle » a subie plusieurs modifications, lesquelles ont très probablement marqué des changements dans le fonctionnement de l’aérologie de la cavite. A travers les périodes géologiques auxquelles son porche naturel, large de douze mètres, a changé d’aspect jusqu’aux derniers enfouissements après ses occupations préhistoriques les plus récentes, l’agrandissement de 300% de l’entrée naturelle lors des fouilles archéologiques au siècle dernier a précédé de nombreuses modifications les quarante dernières années. Comme, entre autres :

  • le mur en béton avec parement en pierre naturelle faisant partie de la protection des fouilles sous le porche ;
  • l’installation d’une porte blindée faisant fermeture hermétique ;
  • le remplacement de la porte blindée par une grille, début des années 2000 ;
  • le creusement de 60 cm de vide sous toute la largeur du mur lors de la crue de 2002 ;
  • la démolition du mur bâti et son remplacement par une grille et le recouvrement de 90% de la grille par des panneaux pleins en bois en 2017-2018.

Actuellement, la superficie des ouvertures sous le porche d’entrée totalise environ un mètre carré, mais en fonction du suivi post-travaux, celle-ci pourrait progressivement être ouverte.

A chaque étape dans la séquence des aménagements, il est logique de rencontrer des changements du fonctionnement en matière de climatologie, comme nous le constatons par rapport aux mesures effectuées dans le cadre d’un suivi climatique de la cavité par le comité départemental de spéléologie de l’Ardèche de 2018, afin d’évaluer l’impact que pourraient avoir les travaux de modification du dispositif de fermeture.



Recommandation d’agrandir l’entrée ‘naturelle’ de Saint-Marcel
(Présentation à l'ICS en juillet 2022)

Lors d’une communication au Symposium n° 6 de climatologie souterraine « Underground air circulation modelling of the Saint-Marcel Cave (Ardèche, France) to adapt the opening system of the cave entrance to optimal habitat conditions for bats », pendant le 18e Congrès International de l’UIS en Savoie, en date d’avant-hier, E. Berthomé a présenté les recommandations d’une modélisation de la galerie appelée « l’entrée naturelle » de la grotte de Saint-Marcel. L’agrandissement de l’ouverture actuelle de 1,8 à 3,8 m2 serait optimale pour la population de chauve-souris (ne jamais très nombreuses, 70 spécimen en 2017) occupant cette galerie d’entrée. Lors de l’interrogation de l’intervenant par le public, si le Groupe de Travail ait pensé à l’impact qu’un tel agrandissement de l’ouverture pourrait provoquer en matière des flux dans la partie profonde de la grotte, il semble que l’étude ne s’est concentrée que sur les 50 premiers mètres.

Nous soulignons l’importance, lors d’un agrandissement de cette ouverture, d’un suivi post-modificatif et l’évaluation, non seulement dans la galerie d’entrée, mais partout dans la grotte, afin de connaître les impacts sur la climatologie entière de la grotte de Saint-Marcel d’Ardèche.
En d’autres mots, si on triple la superficie d’une entrée par laquelle passe un débit journalier dépassant les 500.000 m3 d’air chargé par jour, il serait intéressant de suivre ce que génère une réduction par facteur 2 de la résistance thermodynamique d'un flux partiel représentant la moitié des 981.000 m3 sortants au croisement des grands flux d’air dans la zone profonde, par exemple vers la Niche du Chien.
Malgré le confort à l’habitat des chauve-souris dans une seule zone d’entrée, pensons en particulier aux effets sur d'autres habitats, aux changements des circulations d’air, pouvant provoquer des effets inverses, des évolutions dans le développement de certaines algues ou des mousses, à l'affinage du parc viticole ailleurs dans la grotte, ...


Bibliographie : 

Berthomé E. et al. (2022), Underground air circulation modelling of the Saint-MArcel Cave (Ardèche, France) to adapt the opening system to optimal habitat conditions for bats. Actes du 18e Congrès International, UIS, Chambéry, Juillet 2022.

Brunet P., Dupré B., Faverjon M. (2008), La grotte de Saint Marcel d’Ardèche – co-édition CDS07.

LPO coordination Région Auvergne-Rhône-Alpes (2017), Dossier du réaménagement du dispositif de fermeture de l’entrée naturelle de la grotte de Saint-Marcel (Bidon) pour la conservation des chauves-souris. Dossier de demande d’autorisation de travaux dans la RNNGA et site Natura 2000 de la Basse Ardèche, groupes de travail et comité consultatif, 2016-2017, 20 pp.

jeudi 5 mai 2022

Jour du dépassement 2022

Ce 5 mai 2022 marque la date à laquelle notre pays aura aura émis plus de gaz à effet de serre, pêché plus de poissons, abattu plus d'arbres, cultivé et bétonné plus de terres que ce que les écosystèmes sont capables de lui fournir ou d’absorber; c'est environ 5 mois plus tôt qu'en 1961!
L'an dernier, le 29 juillet marquait le Jour du dépassement des ressources planétaires 2021.

Que peut-on faire?



Durant l’entre-deux tour de la présidentielle, E. Macron avait évoqué l’idée d’une planification écologique. L’objectif étant d’aller "deux fois plus vite" dans le rythme de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Mais là, nous consommons de plus en plus vite les ressources de notre planète et notre impact ne réduit pas assez. Cela a conséquences graves. 

Un article scientifique indique que les modèles de prévision climatique estiment que pour chaque degré de réchauffement gagné, le cycle de l'eau s'accélère de 7 %. Concrètement, cela veut dire que les zones humides seront 7 % plus humides, et les zones sèches seront 7 % plus sèches. Des estimations qui s'accordent avec les dernières prévisions du Giec sur les conséquences envisagées du changement climatique : si l'humanité arrive à limiter la hausse des températures à 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels (sachant que nous sommes déjà à 1,2 °C), les phénomènes météo extrêmes seront de toute manière 14 fois plus forts comparés à ce qu'ils étaient au début de la révolution industrielle.

mercredi 9 février 2022

Publication d'article: Banquettes-limites

Joël Jolivet vient de publier sur HAL un nouvel article, intitulé Rôle de l’Urgonien dans la morphologie des formes pariétales en milieu endo-karstique: les Banquettes-limites.
L'article est de la main de Joël Jolivet (Association Nature-Témoin), Steve Peuble (Mines Saint-Etienne, Centre SPIN), Erik Van den Broeck (Association Nature-Témoin), Frédéric Gallice (Mines Saint-Etienne, EVS - Environnement Ville Société) et Didier Graillot (PEG-ENSMSE - Département Procédés pour l'Environnement et Géoressources).

Résumé:

Les banquettes-limites sont des formes d'évolution pariétale présentes dans de nombreux conduits karstiques. De différentes largeurs et épaisseurs, elles indiquent une dynamique hydraulique au sein d'un maillage de fractures qui évolue vers l'édification de drains horizontaux ou verticaux dans la masse calcaire.

Jusqu'à présent, seuls les phénomènes hydrodynamiques intervenant dans leur élaboration ont été étudiés selon des contextes de spéléogenèse en milieu épinoyé à noyé suite à une élévation du niveau de base local ou régional, d'asséchement progressif dans le conduit, de l'altération incompléte par dissolution voire de corrosion sous remplissage des argiles déposées par aggradation sédimentaire.

Si le flux hydraulique est évoqué comme agent de façonnement, il n'en est pas de même du contenant, ici la roche encaissante, substrat au développement de ces morphologies particulières.

Les analyses géochimiques réalisées dans les parties concaves et convexes des parois induisant des banquettes-limites montrent une hétérogéneité dans les séries calcaires urgoniennes de leurs composants chimiques, de leurs textures, et de leurs ciments et cémentations de dépôt.

Ces ensembles hétéropiques des séquences du Barremo-Aptien ont contribué de manière passive à la constitution des banquettes-limites.

Un protocole de caractérisation géochimique par spectroscopie ICP-AES a été mis en place pour mesurer la concentration en éléments majeurs, mineurs et traces sur des échantillons calcaires du Barrémien supérieur et Aptien inférieur prélevés au niveau des différents reliefs pariétaux en cavité.

Cette approche s'inspire de l'étude menée dans la même région sur les sédiments du Crétacé supérieur et de l'Eocène (Jolivet et al., 2020, Karstologia 75).

Des échantillons de roche ont été prélevés sur six sites et ont ensuite été polis afin de déterminer leur structure de dépôt d'après le tableau de classification de Dunham.

Les sites de prélèvement se trouvent d'une part en Ardèche en rive gauche des gorges et d'autre part sur le plateau de Méjannes le Clap dans le Gard.


Grotte des Tunnels - Points de prélèvements dans les formes pariétales des parois


 L'article complet est à télécharger ici.

The ecological footprint emissions from this story are an estimated 0.2g to 1,0g CO₂ per pageview.