mardi 24 février 2015

Conférence 'L'âge du renne dans la grotte Chauvet'

Conférence du mardi 24 février 2015 à La Canebière, 13001 Marseille,
organisé par l’AEEB (Association pour l’Etude de l’Evolution Biologique)

L'AGE DU RENNE DANS LA GROTTE CHAUVET
« Rennes et Cerfs géants ont-ils pu coexister simultanément à Chauvet ? »

Par Michel Martin,
docteur en médecine à Aix-en-Provence et docteur en préhistoire au Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris.

Durée de la conférence : 45 minutes (le temps de lire et de commenter une quinzaine de slides), suivie des questions du public.



L’orateur soulève la question des datations concernant la grotte Chauvet et que « celles qui sont annoncées à 32 000 ans avant le présent paraissent manifestement peu admissibles ».

Par le choix de deux espèces, le renne et le cerf géant, aujourd’hui disparu, il pense « dégager les arguments nécessaires pour le démontrer à partir du style des figures. »

L’orateur prétend faire un essai de montrer si et quand les rennes et les cerfs géants (mégacéros) ont pu coexister dans le temps où l’art pariétal de la grotte Chauvet a été réalisé.

Il va s’appuier sur une comparaison stylistique, de la thématique associée, et d’une comparaison avec 65 autres cavités.

Il explique la définition de 4 étapes stylistiques par Leroi-Gourhan :
-          32 … 28 Ka : aurignacien : style I
-          27 … 22 Ka : gravettien : style II
-          21 … 18 Ka : solutréen : style III
-          17 … 11 Ka : magdalénien : style IV ancien et IV récent

Il explique que le fusain utilisé pour faire les représentations est chargé de contaminants dont la plupart possèdent des carbons d’âge différents, susceptibles de fausser les datations.
Le malaxage du charbon avec de l’argile humidifiée est particulièrement susceptible à attraper ces contaminations.

Une des dates non-retenues était obtenue sur la représentation d’un cheval, qui donnait 20 790 ans en fraction solide et 29 670 ans en fraction humide. Celle-ci serait expliquée comme contamination inverse, mais la vérification ne serait jamais faite. On aurait retenu les datations sur les autres espèces, mais pas celle-ci.

On aurait pris 29 dosages sur des ossements d’ours chimiquement et bactériologiquement contaminées au fond de la galérie du Mégacéros, pentue et s’inondant régulièrement.

Conclusion 1 :
 ‘La Réalité’ serait que la datation de la grotte Chauvet serait la datation des contaminants. On n’aurait pas assez décontaminé. Le fractionnement isotopique delta 13C indiquerait qu’il n’y a pas eu assez de séparation entre le charbon végétal et osseux.

Le mégacéros serait représenté à l’aurignacien (32 000 BP), relayé par le renne à partir de 19 000 BP (au magdalénien), avec l’antilope des steppes et l’ovibos (bœuf musqué), sous l’influence de l’intensification du froid, SAUF à la grotte Chauvet, où ils coexisteraient dans l’art pariétal de l’Aurignacien…

La ligne ventrale du mégacéros de la grotte Chauvet (daté -32 000 ans) serait reconnu comme caractéristique pour le style III de L-Gh (21-18 Ka)

Le ‘couple de Cougnac’ est daté 25,5-19,5 Ka = 12 000 ans après celui dans la grotte Chauvet.

La Facture des Rennes : on trouve des parties similaires dans ceux des Trois-Frêres (-15 000)

Suit une comparaison sans trop de détails « des 7 mégacéros et 12 rennes de la grotte Chauvet avec les 49 mégacéros et 161 rennes de l’art pariètal, par style, liaisons, animation. »
La conclusion est que le renne a éntré l’art pariétal suite au refroidissement climatique, qu’il répond au style III et qu’à la grotte Chauvet, il doit être magdalénien.

Conclusion 2 :
Chez les Rennes de Chauvet, des détails céphaliques (œil et naseau) ou leur absence (oreille et bouche à Chauvet / Gabillou en Dordogne), des détails corporels (garrot, fanon, perspective vraie, niveau d’insertion corporel des pattes plusieurs fois multiples découpes, animation complexe), les situent à la transition du solutréen au Magdalénien ou au Magdalénien initial (autour de 17 000 BP).
Le fait de leur cohabitation avec le Mégacéros de l’Aurignacien (32 000 BP), s’il s’avérait exact, constituerait la première exception culturelle de tous les temps.
Comment croire que Chauvet, dont la fermeture reste imprécise, fait exception pour tous les caractéristiques stylistiques rassemblées à propos du Renne l’opposant au Mégacéros, accompagné d’une faune froide dont l’augmentation du lien avec le cheval et le bison en présence d’ ‘animaux-thermomètre’ toujours solutro-magdaléniens et rares, Ovibos, Glouton (à Chauvet) et Saïga ? Comment penser que son coup d’éclat fût un coup par l’extraordinaire et unique précocité de son décor, sans école, mélant de façon contemporaine des espèces climatiquement peu compatibles ?


 

Questions et discussion en salle après la conférence

Ma Question : « Vous pensez que cette partie des cervidés (dont il y n’y a que 18 représentations dans la grotte Chauvet) soit assez représentatif sur la totalité d’environ 1000 figures dont 442 représentations animales, pour conclure que l’art pariétal ne date pas de l’aurignacien, pendant qu’il y a, entre autres, 52 chevaux, 72 félins, 79 mammouth dessiné dans la grotte ?
Pourquoi ne pas avoir choisi par exemple à comparer les représentations des lions de la grotte Chauvet avec celles d’autres grottes, ou même avec les statuettes des sites aurignaciens de Vogelherd en Allemagne ? »

R (MM) : « Il n’y a rien d’aurignacien en Allemagne, car elle était encore sous la glace à cette époque-là ! Et on ne peut pas comparer stylistiquement de l’art pariétal et de l’art mobilier !»

Q : « Mais vous comparez stylistiquement des représentations d’animaux en minorité avec d’autres, pendant qu’il y a de meilleures choix à faire pour comparer car ils sont plus nombreux ?

R (MM) : « C’est mon choix à moi »

Quelqu’un pose un autre Q : « Donc ceux qui auraient effectué les datations, était-ils des imbéciles profonds ? »

R (MM) : « Ce ne sont pas des scientifiques. Clottes est un prof d’Anglais. Il n’est pas honnête dans ces datations » … « Jean Combier pense comme moi, Pettitt, Bahn & Zuchner contestent les datations aussi »

(citats de MM) :

« Clottes et son équipe refusent l’accès à d’autres équipes de recherches internationaux, et çà c’est le vrai problème. C’est un scandal scientifique. De Lumley a fait pareil à la vallée des Merveilles, où il a écarté les autres scientifiques à cause de ses relations rapprochés avec la présidence politique. »

« Les datations de Valladas qui n’étaient que dans un stade de tout début, devraient être refaites comme il faut. On n’a rien trouvé d’aurignacien à Chauvet. C’est une erreur scientifique sur laquelle on ne veut pas revenir, parce que c’est une affaire de gros sous. »

« Il y a des grottes aurignaciennes où il n’y a que de l’aurignacien. Ici, tous les mégacéros sont du style gravettien.

« J’ai défendu ma thèse . J’ai publié mon article dans ‘antropologie’ car mes publications sont refusé partout, je ne suis pas accepté. »


Réflexions sur la conférence

M. Martin met en cause les techniques modernes de la datation, employé par l’équipe qui a prélevé les échantillons, celle qui a traité les échantillons et celle qui a interprêté les résultats.

Il se contente à dater les œuvres de la grotte Chauvet en comparant 4% des représentations, celles des (12 mais il y en a 13) rennes et cerfs géants (7 pendant qu’il y en a que 5 mégacéros) aux 4 étapes définies par Leroi-Gourhan.

Il finit par conclure que la représentation des rennes serait du style III de Leroi-Gourhan et il se base là-dessus pour avancer l’art pariétal de la grotte Chauvet au magdalénien. Bien que, au magdalénien, la grotte était déjà hermétiquement scellée depuis quelques millénaires, il propose qu’il y ait eu une autre entrée ou la fermeture ne serait pas hermétique…

Après sa conférence, Martin joue à la confusion en disant que les datations de Valladas étaient dans un stade de tout début et il fallait tout refaire En réalité, il n'y a pas de raison de douter les datations: il ne manquait que la calibration du carbone pour cette série de dates, qui allait ensuite confirmer qu’il faut même rajouter 5Ka aux datations, au lieu de les diminuer…

M. Martin a peut-être raté quelques épisodes dans le développement des techniques de datation et tient-il trop à son bouquin de A. Leroi-Gourhan ?

Il faut noter que, après de longues années de silence, en 2012, J. Combier et G. Jouve publient un article dans lequel ils s'opposent aux datations.
Dans  'Anthropologie n° 118/2 de 2014', un magazine 'en-ligne' (et payant), ils en publient une 2me version, et on voit les autres opposants des datations en train de faire remonter leurs objections aussi: P. Pettitt et P. Bahn publient qu'ils se déclarent d'accord avec l'article de Combier et Jouve et M. Martin publie ces mêmes objections.

J'ai trouvé une réponse publiée par l'équipe des datations, M.Fontugne, C. Hatté, H. Valladas, N. Tisnérat-Laborde, et al.:
"À partir de 1970, les laboratoires de radiocarbone ont commencé à publier les valeurs d13C du
rapport d’abondance des isotopes stables du carbone (12C et 13C) avec le résultat de la datation
carbone-14. Pourquoi cette nouvelle donnée est-elle venue s’ajouter et, de quelle information
supplémentaire est-elle porteuse ? Dans un article récent de la revue L’Anthropologie, Guy Jouve
propose une méthode utilisant cette donnée pour identifier l’origine du carbone dans les
échantillons de charbon de bois du Paléolithique supérieur soumis à la datation par la méthode du
carbone 14. Selon lui, la mesure de la composition isotopique (d13C) du carbone du charbon,
signature de l’origine du bois, rendrait possible la détection des contaminations résiduelles qui
faussent les datations 14C. Cette allégation sans réel fondement scientifique appelle un
commentaire de la part des géochronologues et des géochimistes."

Concrètement: il faut pas s'inquiéter.

(compte-rendu : Erik VdBroeck)

Faits :
-          Les périodes concernées de la préhistoire :
o        Paléolithique Moyen (-300 000 à -42 000 ans)
o        Paléolithique Supérieur (-42 000 à -12 000 ans)
§         Aurignacien (-42 … -34 Ka)
§         Gravettien (-34 … -26,5 Ka)
§         Solutréen (-26,5 … -22 Ka)
§         Magdalénien (-22 … -12 Ka)
-          technique de datation :
o        datation indirecte :
§         comparaison du style >> identité culturelle
§         analyses isotopiques sur charbons associés
o        datation directe :
§         analyse au tandetron >> permet le prélèvement d’une toute petite dose d’échantillon de charbon de bois sur la figure elle-même pour l’analyse du 14C
-          datations même :
o        la grotte Chauvet est l’une des grottes ornées la plus datée au 14C au monde (plus de 80 échantillons de charbon de bois prélevés), 85 datations à ce jour, effectué par différent laboratoires
o        grotte Chauvet : prélèvements dus 1 bison et 2 rhinocéros : 30 340 et 21410 BP
-          les cervidés :
o        les représentations de cervidés dans la grotte Chauvet sont largement minoritaires 20 par rapport aux autres représentations (sur un total de environ 1000 figures sur les parois dont 442 représentations animales)
o        le cerf (élaphe) est généralement représenté dans l’art pariétal européen et ardéchois (Colombier, Tête du Lion, Ebbou, Deroc,…) mais il n’y en a qu’ 2 à la grotte Chauvet
o        le renne
§         ne s’est jamais adapté aux climats tempérés trop chauds et reste cantonné dans les milieux froids. Il constitue en Ardèche un gibier très abondant dans les habitats
§         sur la totalité des cavités étudiées en Ardèche (Roudil, 2010, pp. 43-50), le renne est presque absent dans l’art pariétal mais omniprésent dans les couches archéologiques
·         les 13 (et non 12) rennes de la grotte Chauvet font l’exception en totale rupture avec la faune figurée ardéchoise
·         renne gravé sur os (grotte des Deux Avens) n’est pas de l’art pariétal mais de l’art mobilier
o        le mégaceros
§         ne figure presque jamais dans les résidus de la consommation et n’était donc pas chassé
§         est assez fréquemment représenté dans l’art pariétal, peut-être à cause de l’aspect spectaculaire qu’il prenait avec ses bois immenses
§         à la grotte Chauvet, il y a 5 (et non 7) représentations de mégacéros
-          les équidés :
o        il y a 52 chevaux représentés à la grotte Chauvet
-          les mammouths :
o        il y a 79 mammouths représentés à la grotte Chauvet
-          les ours :
o        il n’était représenté qu’en petit nombre dans l’art pariétal ardéchois (2 exemplaires à la grotte d’Ebbou), pourtant il était un concurrent redoutable pour l’homme et fréquentait en grand nombre la région
o        à la grotte Chauvet contient des restes osseux d’au moins 190 exemplaires et 19 représentations figurées d’une rare qualités
-          les rhinoceros :
o        peu fréquent dans l’art pariétal mais omniprésent dans les représentations à la grotte Chauvet avec 72 représentations qui suffisent à leur donner un statut hors du commun dans l’ensemble de l’art pariétal européen (75% du total des 95 dans l’art pariétal européen)
o        animal adapté au climat froid (3 espèces ont occumé l’Europe préhistorique)
§         rhinocéros étrusque (r. etruscus) : caractéristique des faunes de climat chaud du Quaternaire ancien
§         rinocéros de Merck (r. merck) correspond aux épisodes chauds du Quaternaire moyen (gibier consommé par l’homme de Tautavel -350 000
§         rhinocéros à narrines cloisonnées (r. tichorhinus) habite l’Europe pendant les 2 dernières glaciations, Riss et Würm >> a été représenté avec sa longue toison qui le fait appeler le rhinocéros laineux
-          les félins :
o        avec seulement 131 représentations dans l’art pariétal européen (dont 11 douteux), la grotte Chauvet en contient la majorité (61%) ou 80 (dont 5 douteux) félins dans une seule grotte, et presque toujours des lions des cavernes. En moindre nombre : pantère et hyène.
o        représentation d’un félin élancé à la grotte des Deux Ouvertures
o        resemblance stylistique avec de l’art mobilier provenant de la région de la Brenz (Allemagne) qui est attribué à l’Aurignacien

Sur le choix des représentations :

« L’absence régulière du renne parmi les figures peintes ou gravées en Ardèche, dans toutes les grottes sauf une, alors qu’il était bien présent, résulte sûrement d’une volonté délibérée et respectée par les diverses artistes ayant œuvré séparément dans les grottes du canyon. L’art préhistorique est donc essentiellement sélectif, les choix des espèces et le nombre d’individus de chacune d’elles sont sans rapport avec ce que numériquement la nature pouvait offrir. » (Roudil, 2010, p. 50)

Sur le style, les sites et la culture Aurignacienne :

« Avec d’autres arguments (forts indices d’outils de type Paléolithique supérieur, présence d’accrue d’un débitage laminaire, contexte environnemental), ils ont servi à étayer l’hypothèse (Combier, 1990, p. 271 ; Moncel, 1996, p. 37) d’une perduration du Moustérien dans la région qui est dépourvue de Châtelperronien comme tout le Sud-Est de la France, mais où existe l’Aurignacien 0 méditerranéen qui atteint le Gardon et le Chassezac (Bazile et Sicard, 1994, p. 118). En rive gauche du Rhône, la fouille de l’abri Mandrin à Malataverne (Drôme)(fig. 1, n07), où un niveau à lamelles Dufour surmonte le Moustérien, apporte de nouveaux éléments à ce débat (Giraud, 1998, p. 8). » (Gély, 2005, p. 18, avec Figure 1 des Sites du Paléolithique supérieur ancien de l’Ardèche et départements limitrophes)

« Les datations obtenues à la grotte Chauvet rattachent à coup sûr une partie des figures à l’Aurignacien, mais plusieurs mammouths de cette cavité présentent des similitudes de graphisme remarquables avec ceux de la grotte Chabot et de la baume d’Oulen que l’on attribue au Solutréen … Il est bon d’insister sur la part d’incertitude qui pèse sur les attributions culturelles de telle ou telle œuvre pariétale, comme l’ont justement souligné les spécialistes ayant travaillé sur la basse Ardèche, en particulier J. Combier, A. Leroi-Gourhan, L. Chabredier. En dehors des datations par le Carbone 14, toute classification par les techniques ou le style reste sujette à une large part de subjectivité. On vient de la voir une fois de plus avec la grotte Chauvet. » (Roudil, 2010, p. 36)

« C’est avec l’Aurignacien qu’apparaît l’art figuratif, avec des animaux schématiques, et des signes gravés sur des blocs de calcaire. … Cependant, les dates isotopiques obtenues sur des fiverses figures tracées au charbon de bois à la grotte Chauvet (32 000) permettent de faire remonter à l’Aurignacien la date de leur exécution. » (Roudil, 2010, p. 24)

« Des vulves ont été gravées sur un bloc rocheux daté de la période aurignacienne et découvert sur le site de la Ferrassie en Dordogne. Ce thème se retrouve sur les parois de la grotte Chauvet » (Lima, 2014, p. 29)

Au musée du Colombier (Alès), on peut observer des galets de calcaire gravés, provenant de la station de surface paléolithique (moustérien) avec des représentations pubiennes, un phallus et des nodules avec des incisions représentant des rondeurs féminines.

« La grotte des Deux Ouvertures, sanctuaire aurignacien caché qui s’ouvre dans le promontoire du Ranc-Pointu. Il comprend un corps de bison rempli de hachures, une troublante ‘Venus’ aux contours stylisés et un félin élancé. » (Lima, 2014, p. 34)

 « La région de la Brenz (Jura souabe, Allemagne) est mondialement réputé pour ses vestiges archéologiques datant de l’ Aruignacien … La figurine haute de 30 cm d’un homme-lion, génialement sculptée dans une défense de mammouth, combine les éléments du monde animalier avec des attributs humains. La figure est un témoignage unique du monde réligieux et spirituel de nos ancêtres paléolithiques. » (Rouquerol, 2005)

« L’homme-lion, statuette aurignacienne découverte en 1939 dans la grotte de Stadel, dans le Jura souabe (Allemagne), rappelle certaines figures de lions anthropomorphisés de la salle du Fond de la grotte Chauvet » (Lima, 2014, pp. 34-35, photo)

« La grotte paléolithique la plus célèbre de la région de la Brenz est certainement le Vogelherd près de Niederstotzingen (Jura souabe, Allemagne) … Parmi une douzaine de petites sculptures en ivoire,» (de mammouth), un cheval, un bison, un mammouth, un rhinocéros ou ours, deux lions. « La région de la Brenz est une des régions en europe qui a livré les plus anciennes sculptures et intruments de musique de l’Europe … et démontrent qu’il y a 35 000 ans le Jura Souabe a constitué l’un des centres d’occupation humaine les plus importants d’Europe » (Rouquerol, 2005)

« L’Aurignacien ancien correspond donc à une période de foisonnement de l’art pariétal ainsi que d’un art figuratif mobilier et ce, dans ces contextes géographiques bien différents. Trois centres majeurs seraient l’Aquitaine, le nord de l’Allemagne et le sud-est de la France (Azéma et al., 2012). Un quatri ème centre s’y ajouterait avec la grotte Coliboaia, récemment découverte en Roumanie, et datée elle aussi de l’Aurignacien (Clottes et al., 2011) » (Gély, Azéma, Gambéri et Prud’Homme, 2013)

Sur la datation et la technique de datation :

« Cet article discute les résultats des datations carbone 14 effectuées sur des échantillons de charbons de bois prélevés sur les parois (dessins et mouchages de torches) ou le sol de la grotte Chauvet. Les dates, qui sont cohérentes, se placent dans 2 périodes séparées par quelques millénaires : entre 33 et 29 Ka 14C (33 échantillons, dont les 5 représentations pariétales) et entre 27 et 24,5 Ka 14C (13 échantillons dont les 4 mouchages de torche). … Les datations faites se caractérisent par leur cohérence qu’illustre leur regroupementau sein des 2 périodes. Ce fait s’explique, en partie, par l’état de conservation exceptionnelle des chrabons de bois … c’est donc un site particulièrement favorable à la datation. Néanmoins, l’ancienneté des peintures a parfois été remise en cause par certains archéologues qui proposent, en se fondant sur des données stylistiques, de les rattacher à la période magdalénienne (entre ca. 17 et 11 Ka) bien qu’aucun vestige daté de cette période n’ait été découvert à ce jour dans la grotte … Or, pour obtenir un vieillissement apparent atteignant 16 000 ans, il faut qu’en dépit du traitement chimique les esquilles de charbon aient contenu une proportion de carbone fossile (provenant des carbonates de la paroi, par exemple) s’élevant à plus de 85% en masse (Delibrias, 1985), ce qui est totalement irréaliste compte tenu de l’attaque acide lors de ce traitement. En résumé, il n’y a donc actuellement aucune donnée pertinente qui atteste une occupation humaine dans la grotte Chauvet postérieure à -23 000 ans. Au contraire, tous les résultats convergent en faveur d’occupations gravettiennes et aurignaciennes uniquement. » (Valladas et al., 2005)


« Les datations, la pointe en ivoire et éventuellement la césure dans le décor que marque l’humidification de la paroi (Geneste, 2001, P. 48 ; Baffier et Feruglio, 2001, p. 122), permettent de situer le sanctuaire vers le début de l’oscillation semi-tempérée d’Arcy datée 32 200 BP en Méditerranée (Djindjian et al., 1999, p. 43) et qui semble avoir été bien marquée en Languedoc. » (Gély, 2005, p. 19)

« Fig. 11 et 12 du stalagmite Chau-stm6, multidaté sur 32872 ans +/- 825. L’âge 14C des charbons de bois trouvé sur le sol archéologique a été confirmé en plusieurs endroits avec les âges U/Th de la calcite qui les recouvrait. » (Genty et al., 2005, pp. 57-60)

« L’apport capital de ce patrimoine ardéchois est aussi d’avoir fourni des bases très solides de datation qui pour certains types de production et certaines périodes manquaient totalement jusqu’à une date récente. … La découverte de la grotte Cosquer, qui offre de multiples affinités avec les productions ardéchoises, renouvelle entièrement ces données géographiques et en précise la chronologie dans une province qu’il faut étendre à tout le bassin inférieur au Rhône. » (Roudil, 2010, pp. 30-31)

« La situation chronologique de la phase principale de décoration noire aux environs de 30 à 32 000 ans BP, fut établie par plusieurs datations directes, ainsi que par des méthodes de datation croisées et indépendantes (Genty et al., 2004). Ces résultats on t été validés par un programme international d’intercalibration (Clottes, 1999 ; Valladas et al., 2004 ; Cuzange et al., 2007) de même que par les observations sur les activités et la présence des ours dans la grotte en relation avec les passages humains. Les charbons de bois datés appartiennent au pin (Pinus sylvestris/nigra) (travaux S. Thiébault et I. Théry). … L’analyse des superpositions, effacements, reprises, met en évidence des complexités et isole des phases de réalisation jusqu’alors très localisées qui sont peu à peu corrélées dans le site et qu des datations par des prélèvements adaptés seront peut-être en mesure de dégager. Une phase de décoration noire antérieure à celle datée de 31 à 32 000 ans BP est ainsi mise en évidence dans la galerie des Mégacéros ainsi que dans les salles du Crâne et Hillaire. » (Geneste, 2012, pp. 15-16)

« Ces résultats posent une nouvelle fois la question ‘qui fait quoi ?’ et interrogent sur la contemporanéité des derniers Néanderthaliens et des premiers Hommes anatomiquement modernes dans le quart sud-est de la France : les dates les plus anciennes de la grotte Chauvet, entre 33 000 et 29 000 BP (Valladas et al., 2005 : Cuzange et al., 2007), récemment contestées (Combier et Jouve, 2012), sont identiques à celles des derniers moustériens récents en Velay-Vivarais. » (Raynal, Moncel et al., 2013)

« Dès les premiers mois qui suivent la découverte, puis au fil des recherches, plus de 80 échantillons de charbons de bois seront prélevés à des fins de datation su plusieurs dessins de la cavité, sur des ‘mouchages de torche’ sur la paroi qui permettaient aux artistes de raviver la flamme de leur éclairage, ou encore sur des foyers au sol. Une somme d’analyses qui fait de Chauvet-Pont d’Arc, aujourd’hui, la grotte ornée la mieux datée au monde. … Après calibration du carbone 14, deux groupes de dates ont été obtenus : autour de -35 500 +/-1000 (BP avant le présent) pour le plus ancien, correspondant à la réalisation des dessins. Et entre 30 000 et -31 000 pour le second, correspondant au passage d’hommes qui n’ont vraisemblablement pas laissé de traces artistiques. » (Lima, 2014, p. 47)

Sur l’éboulement de l’entrée et le fait qu’il y ait encore une entrée secondaire ou au moins un accès après l’éboulement :

Quelques semaines après la découverte, Jean-Marie Chauvet, gardien des grottes ornées de l’Ardèche, a été assermenté par le préfet à vérifier qu’il n’y ait pas d’autres accès à la grotte. Il a cherché partout, et il n’en a trouvé aucune. L’entrée artificielle était impénétrable à l’homme avant que les inventeurs l’ont désobstruée et agrandie en 1994.

« La datation par le 36Cl de négatifs des zones d’arrachement des volumineux effondrements identifiés sur la falaise qui surplombe l’entrée de la cavité, couplée à une modelisation tridimensionnelle de la morphologie de cette zone intra-cavitaire et du pied de la falaise (Delannoy et al., 2010), a permis de proposer un scénario daté de la fermeture progressive de l’entrée entre 29 000 et 21 000 ans BP, ce qui permet d’argumenter de manière contraignante la fréquentation animale et humaine de la grotte qui se terminerait donc vers 21 000 ans (Sadier et al., 2012). » (Geneste, 2012, pp. 15-16)

L’entrée naturelle s’est éboulé « en plusieurs étapes, dont la dernière il y a 21 500 ans, grâce à des prélèvements d’échantillons de pierre sur la falaise, datés ensuite par l’analyse d’un isotope du chlore. » (Lima, 2014, p. 63)

Sur le fait que l’art pariétal dans une grotte « ne puisse appartenir qu’à une seule période » :

La grotte Cosquer (27 000, 18500), elle aussi, a connu « deux phases principales de mise en place des œuvres peintes, avec une interruption plus ou moins totale de près de dix millénaires entre eux » (Roudil, 2010, p. 35)

Sur le fait que d’autres chercheurs seraient écartés :

En automne 1995, le ministre de la Culture a lancé un appel d’offres scientifique afin de sélectionner l’équipe qui doit étudier la cavité et ses œuvres. Au printemps suivant, un jury international choisit l’équipe formée et dirigée par Jean Clottes, dont les travaux débutent en 1998. … Grâce au travail de l’équipe scientifique, dont la direction est assurée depuis 2002 par Jean-Michel Geneste du Centre national de préhistoire, nous savons aujourd’hui beaucoup de choses sur l’art extraordinaire de la grotte Chauvet … Pourtant, les recherches sont loin d’être terminées, au vu de la richesse archéologique du lieu, et elles bénéficieront de techniques nouvelles. Plusieurs générations de chercheurs se succèderont encore dans la fabuleuse grotte Chauvet-Pont d’Arc. » (Lima, 2014, p. 50)

Les contestants des datations aurignaciennes de la grotte Chauvet :

Pettitt
Bahn
Zuchner
Combier et Jouve, 2012
Michel Martin

Références bibliographiques

AZEMA M. (2011) – La préhistoire du cinéma, Paris, Errance, 299 p.

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