mardi 7 mai 2024

L'image témoin, Observations en milieu karstique

Une nouvelle édition de l'Image Témoin est disponible à la commande.
Sept articles de qualité, de la main de Daniel Chailloux, Romain De Moor, Johnny De Mol, Joël Jolivet, Frédéric Gallice, Didier Graillot, Myriam Van der Meirsch, Erik Van den Broeck.
C’est notre mission de poursuivre les travaux de prospection, d’exploration et surtout de partage par la communication et la publication des recherches, études et découvertes de nos adhérents.


(cliché couverture : Eloïse Coutaz et Bernard Magos+)

L’année 2023 a marqué la disparition de deux chers amis, Bernard Magos, secrétaire d’honneur et créateur de notre association Nature-Témoin, initialement appelée L’Image Témoin, et Jean-Jacques Misérez, membre d’honneur. 

Nature-Témoin s’est également fixé pour objectif de garder à vif la mémoire des trois inventeurs de la Grotte Chauvet. Cette année, nous fêtons le 30ème anniversaire de leur découverte, laquelle a radicalement changé la connaissance sur la chronologie des expressions graphiques et sur le savoir-faire humain pendant la Préhistoire, mais laquelle a aussi fait évoluer le mode de conservation des cavités.

Que la lueur de nos torches électroniques puisse aider chacun à regarder les grottes à travers les yeux de nos ancêtres. Et que nos instruments, mesures et recherches puissent contribuer à mieux comprendre et protéger le patrimoine karstique et humain!

dimanche 5 mai 2024

CO2 atmosphérique : Record historique

Au mois d'avril 2024, pour la première fois depuis la révolution industrielle, le taux moyen du CO2 atmosphérique sur Terre est resté pendant tout un mois au-dessus de 425 ppm.

Déjà au mois d'avril l'an dernier, un record historique avait été atteint pour une moyenne de 423 ppm (parts per million). Malheureusement, la tendance se poursuit, à rato d'environ 1 ppm en plus que pendant le même mois de 2023.
La référence est l'endroit avec l'air le plus pur au monde, loin de toute activité humaine, sur l'île de Mauna Loa à Hawaï (Etats-Unis), en plein milieu du Pacifique.

Les chiffres du NOAA confirment que partout dans le monde, le taux de gaz carbonique dans l'atmosphère augmente chaque année. Carbontracker montre que dans la plupart sur notre Planète, les chiffres sont pires que ça, même à d'autres endroits supposés 'air sain', comme par exemple, en France, au Pic du Midi ou à Saclay près de Paris. A cet endroit, on peut constater que le taux observé du CO2 atmosphérique moyen est monté en 7 ans de 417 à 430 ppm, avec des pics réguliers de 435 à 470 ppm.

Malgré les conférences sur le climat, les accords, les promesses... la situation ne s'est pas améliorée, la courbe ne change pas de tendance!

Les mesures de nos gouvernements pour la transition énergétique et écologique sont coûteuses et inefficaces : on n'arrête pas la surconsommation d'énergie et des ressources primaires.

Certaines énergies 'vertes' finissent par être beaucoup plus polluantes au stade de production et à la réduction de leurs déchets. Pour produire de l'hydrogène pour les 'voitures du futur', par exemple, il faut 4 fois plus d'électricité que pour faire rouler une même distance par une voiture identique au moteur électrique ... Quantité d'électricité qu'on n'arrive même pas à produire de façon traditionnelle pour que toute la Planète puisse en profiter.
Et même dans les pays où on a planifié d'énormes usines à hydrogène comme au Sud de l'Espagne, d'où des gazoduc vont la transporter partout en Europe, il faudra beaucoup d'eau pour produire cet hydrogène, bien qu'il existe déjà le problème des ressources en eau insuffisantes.

L'Allemagne redémarre ses centrales à charbon, faute de gaz. La France n'arrive plus à suivre, malgré l'intention de produire massivement de l'énergie éolienne. En arrondissant par excès à 500 TWh nos besoins en électricité, il faudrait couvrir environ 25 000 km² d’éoliennes dans des zones correctement ventées. L’équivalent de 5 % de la superficie de la France, ce qui rend la tâche ardue puisque le pays ne compte pas assez de surfaces où la puissance maximale de production serait atteinte. Et encore : elle sera atteinte par intermittence ; à d’autres heures, la production éolienne sera nulle.
Sans parler des déchets du démontage des éoliennes venues à terme de leur cycle de vie, 20 ans seulement, et impossibles à recycler Il n'y a pas de filière de recyclage pour les pales, le béton et l'acier. Seuls les promoteurs de cette énergie vont en bénéficier, mais pas la Terre.

La seule solution est de consommer moins d'énergie, nécessité qui nous empêchera de plus en plus de continuer notre façon de vivre, laquelle est en train d'hypotéquer l'avenir des enfants de nos enfants.

C'est dur à comprendre que le monde des ordinateurs, smartphones, télévisions et des emails, sans même imprimer les messages, excède déjà l'impact du trafic aérien dans le monde, et s'élève au-delà de 3 % de la totalité des gaz à effet de serre!!
L'utilisation d'un smartphone pendant 3 mois émet 10 kg de CO2, incluant fabrication et production d'énergie pour la transmission des données et le stockage du serveur. Cela équivaut rouler pendant 50 minutes en voiture à environ 130 grammes de CO2 par kilomètre ou 5 minutes de vol pour un passager en avion de ligne à 75 kg de CO2 par heure de vol.

Alléger les mails et y faire le ménage est un simple geste que tout le monde peut faire pour économiser des ressources et provoquer moins de réchauffement climatique, ainsi que de mettre un disque au lieu d'une vidéo youtube quand tout ce qu'on veut c'est d'écouter un peu de musique sans regarder même le clip !

vendredi 3 mai 2024

Jour du Dépassement 2024

 L'EEB (European Environmental Bureau) a annoncé qu'aujourd'hui, les habitants de l'Europe ont déjà consommé les ressources que notre Planète peut produire pendant l'année entière de 2024. 

125 jours après le début de 2024, nous avons déjà atteint le jour du dépassement dans l’UE. Cela signifie que si tout le monde consommait comme les Européens, nous aurions aujourd’hui épuisé les ressources naturelles de la planète. Il s’agit d’un signal SOS clair en faveur d’un nouveau Green Deal européen – et pour que les dirigeants politiques nous mettent sur un programme vert et juste qui retarde le jour du dépassement de l’UE et protège les citoyens et la planète. 🌍

lundi 15 avril 2024

30 balles par jour : Bravo Vallon-P-A !


Rappelons nous, il y a quelques années, de la rencontre du collectif Gorges de l'Ardèche à Défendre (GAD) (dont peut-être un autocollant brille encore sur votre casque spéléo) avec les élus du département de l'Ardèche, de la commune de Vallon, de la Réserve des Gorges, du projet Grand Site de France Pont-d'Arc/Cirque d'Estre/Gorges de l'Ardèche. 


En 2018, ce collectif de locaux, habitants et associations amateurs de 'leurs' Gorges de l'Ardèche, avait tiré la sonnette d'alarme que bientôt, on devra débourser pour aller chez nous. Les promesses des élus n'ont pas mené à grand chose, de respecter la liberté des habitants: liberté de stationner, de faire du sport, de farnienter, de ne pas avoir de montre ni de porte-monnaie à la main ! 

Aujourd'hui, on peut constater que la tolérance pour les habitants du 07 et 30 est actuellement tombée à zéro. Au lieu des libertés souhaitées, nous signalons des contrôles renforcés, destinés à soutirer un maximum de sous de nos poches, au tarif de trente balles par journée de stationnement devant chez nous pour profiter de notre patrimoine naturel. Un petit quart d'heure coûte minimum 80 eurocent, sans possibilité de gratuité. Cela ne couvre même pas le temps d'attente pour obtenir le ticket de parking, d'aller le poser derrière votre pare-brise et d'aller prendre une petite photo devant le Pont d'Arc!




La honte, même, qu'une amende "rétribution maximale post-stationnement" a été émise aux inventeurs de la grotte Chauvet et leurs invités qui n'étaient pas au courant du parking payant, pendant que la Commune de Vallon Pont d'Arc, le Département de l'Ardèche et la Région Au-RA se font des sous sur leur dos !!

dimanche 10 mars 2024

Les mammouths ont les pieds dans l'eau

Ce matin, les mammouth rocheux à l'aval de l'Event de Foussoubie avaient les pieds dans l'eau.


Zone sortie de l'Event de Foussoubie, à 10 jours d'intervalle

 

Pareil pour ceux du Pont d'Arc à partir de 7h20, quand la crue de l'Ardèche a atteint 8m54 à Vallon. Une telle montée des eaux est devenue très rare en Ardèche, équivalente aux 8m65 du 23/11/2019 et du 22/11/2016.


Après une année 2023 marquée par un manque de 30% de précipitations par rapport à la normale, l'Ardèche a enfin montré deux petits pics d'à peine 3 mètres le 11 février et le 4 mars, puis la belle crue d'aujourd'hui. Ainsi, 310 mm de pluie ont tombé chez nous depuis le début de l'année. 

Cela fait longtemps que l'Ibie ne contribuait plus au débit de l'Ardèche, son niveau moyen se trouvant à l'Event de Rives entre 20 et 22 mètres en-dessous de son niveau normal, mais ce matin c'était le grand lavage.


L'Ibie déborde en aval du camping de L'Île à Vallon

Le karst gardéchois vidangé en avait besoin pour se recharger un peu. Mais la plupart des 2300 mètres cubes par heure qui ne font que passer devant nos pieds, ont tombé ailleurs et après-demain il n'y en aura plus de trace.
De l'Event de Foussoubie descend une cascade sur 8 m de haut, mais la Goule n'est pas encore saturée.

Bientôt arrivent les beaux mois, et la sècheresse s'annonce pire que l'an dernier.
Le sol est devenu dur comme du béton, et continue à s'éroder. Comme en témoignent les prairies en amont de la Goule de Foussoubie à Labastide-de-Virac.



Le recul de la cascade forme déjà un canyon impressionnant.

 

2014 - 2024 : La cascade devant Foussoubie a reculé de 40 m en 10 ans

jeudi 1 février 2024

Nouvel arrêté sur l'exposition au radon dans les grottes

Le 1/1/2024 est entré en vigueur un nouvel arrêté sur l'exposition au radon dans le milieu professionnel, applicable selon le code du travail.
Lors des 5me ANEK 2023 - Assises Nationales de l'Environnement Karstique de l'FFS à Gramat il y a 2 mois, où Joël et Erik étaient présents, le secrétaire de la Fédération française de tourisme souterrain FFTS témoignait des ennuis à venir dans le secteur, à cause de cet arrêté.

La campagne de mesures de l'IRSN, exécutée à la grotte de St-Marcel l'an dernier, a par la suite été prise pour caractériser l'ensemble des grottes comme "lieux de travail spécifiques exposés au radonet a été décisive pour sortir cet arrêté. Le protocole de mesures, l'objectivité et les conclusions provenant d'un seul site peuvent être mis en question.
L'arrêté 2024 a ainsi généralisé le milieu souterrain, sans prendre en compte la spécificité individuelle de chaque site, de chaque grotte, à évaluer de façon individuelle, à cause de leur caractéristiques de site naturel différentes, sans avoir étudié la géologie ou l'aérologie particulière des 80 grottes touristiques et X grottes spéléo, et ceci malgré le zonage en 3 catégories selon le niveau d'exhalation du radon (l'arrêté "ne peut pas se baser principalement sur les zones à potentiel radon provenant du sol définies dans l'arrêté du 27 juin 2018 portant délimitation des zones à potentiel radon du territoire français")

Par rapport à l'arrêté du 30/6/2021, cette nouvelle loi 2024 impacte de façon particulièrement sévère le temps d'exposition maximale des travailleurs professionnels dans les milieux souterrains où le taux dépasse le seuil d'alerte. Si aucune mesure (dispositif renforcé de protection comme des masques et combis; action d'évacuation mécanique du radon comme expliqué dans ce powerpoint) de réduction du risque n'est entreprise, leur temps d'exposition dans la cavité moyenne, contenant un taux volumineux de 2500-3000 Bq/m3, serait désormais limité à 200 heures par an pour atteindre le maximum de 6 milliSievert par an, ce qui serait 3 fois plus pénalisant qu'avant.
Sauf exception, il n'y a pas de cavités touristiques pratiquant une telle ventilation; les cavités sauvages certes n'en possèdent pas; les grottes ornées pour raisons de conservation n'en pratiquent surtout pas; et ça ferait quand-même drôle de voir un guide portant un masque mais pas les clients.

Une 'saison' de 200 heures d'exposition, ça fait 60 descentes spéléo à la mi-journée, et en moins de 2 mois un saisonnier aurait déjà excédé une telle limite.
Des gestionnaires des grottes se font des soucis, seront contraints de mettre des salariés au chômage et d'embaucher des saisonniers à contrat très court; comment gérer?
Ou bien, comment devront gérer les guides BE, DE spéléo, guides des grottes touristiques, guides des grottes ornées ?

mardi 9 janvier 2024

Nouvelle publication sur la formation du canyon de l'Ardèche

Nous avons le plaisir d'annoncer la publication d'un nouvel article de la main de Joël Jolivet: Formation du canyon de l'Ardèche en analogie avec l'endokarst de sa plateforme urgonienne périphérique durant le Néogène(HAL Id: emse-04357712)

auteurs: Joël JOLIVET (1), Steve PEUBLE (2,3), Frédéric PARAN (2,3), Frédéric GALLICE (2,3)Erik VAN DEN BROECK  (1) Didier GRAILLOT (2,3)

(1) Association Nature-Témoin - 30760  Issirac - France
(2) Mines Saint-Etienne, SPIN-ENSMSE - Centre Sciences des Processus Industriels et Naturels (158, cours Fauriel F-42023 Saint-Étienne cedex 2 - France)
(3) EVS - Environnement, Ville, Société (18 Rue Chevreul 69362 LYON CEDEX 07 UMR 5600 - France)

Cette publication est téléchargeable sur le site HAL du Centre pour la Communication Scientifique Directe du CNRS : https://hal-emse.ccsd.cnrs.fr/emse-04357712v1


Résumé

Cet article fait suite aux publications intitulées "La paléogéographie du canyon de l'Ardèche du Crétacé inférieur à l'Oligocène" (Jolivet et al, 2022) et "Evolution karstique de l'anticlinal de Saint-Remèze durant le Paléogène (Ardèche - France)" (Jolivet et al, 2023).

Ce troisième et dernier article aborde la progression du creusement des gorges de l'Ardèche durant le Néogène au cours de l'évolution du bassin rhodano-provençal miocène (BRPM) et de la ria de la Bruguière appartenant au bassin de la Cèze.

A partir de la haute surface arasée fini éocène, un large réseau de drainage d'axe NO-SE s'organise pour fixer la paléo Ardèche entre l'interfluve Cèze-Ardèche et le plateau de St Remèze. Son lit devait s'étaler dans de larges vallées creusées dans des formations gréseuses à sableuses datant du fini Crétacé supérieur à l'Eocène moyen.

Au début du Miocène, sous les contraintes de la tectonique extensive oligocène puis compressive alpine, la rivière Ardèche voit son cours incisé par paliers dans les calcaires barrémo-aptiens en relation avec les périodes eustatiques et climatiques du Nèogène.

En parallèle, la spéléogenèse qui s’est développée dans les plateaux calcaires situés de part et d'autre de son canyon, a permis d'établir une sorte d'analogue endokarstique qui conserve des morphologies variées et évolutives élaborées durant le Néogène. Ce concept d'analogue est repris et réparti dans les différentes sections de l'article.

Les observations in situ, les travaux d’exploration et de topographie mené en cavité par les spéléologues depuis de nombreuses années (Bulletins CDS 07, 1966 à 2023), ont permis de dresser un synopsis plus ou moins rigoureux permettant de retrouver l'altitude des principales cavités. Au travers de ce canevas, cette étude tente un calage chronologique par rapport aux évolutions du creusement des canyons du Rhône, de la Cèze et de l'Ardèche.

Les paléo couvertures déposées dès le Crétacé supérieur et le Paléogène ont généré des remplissages caractéristiques comme les grés néoformés et les argiles authigènes en particulier, présents dans l'ensemble des cavités échelonnées dans la masse carbonatée. (Jolivet et al, 2023).

Un protocole de caractérisation par analyse géochimique ICP-AES et diffractométrie aux rayons X sur des échantillons du Crétacé supérieur et Paléogène référencés sur la carte géologique de Bourg Saint Andéol-889 permet de comparer les signatures géochimiques d'échantillons inédits, gréseux et argileux, prélevés dans les cavités des plateaux karstiques ardéchois (Jolivet et al., 2020, 2022, 2023).

Mots clés: Canyon, Endokarst, Morphologie karstique, Miocène, Pliocène, Ardèche, Cèze, Rhône.