Notre ami Jean-Jacques Miserez s'est éteint le jeudi 16 novembre. Il avait fêté ses 80 ans cet été.
La famille de Jean-Jacques a choisi de l’inhumer dans l’intimité familiale à La Chaux-de-Fonds.Jean-Jacques à l'aven Flandin en 2013
Nous nous rappellerons toujours de l’humour de Jean-Jacques et de son sourire éternel, quand il nous accueillait avec sa charmante épouse Firouzeh à leur maison de campagne au Garn, tout près de ses grottes préférées.
Car il avait une volonté insatiable d'aller explorer les cavités gardéchoises, ne serait-ce que pour prospecter avec Bernard Magos, son inséparable tandem, les bois autour de l'Ardèche et la Cèze.
Par conséquent, un carnet de route rempli de mainte petite anecdote qu'on n'oubliera jamais, ni son expertise en analyses d'eau et en bactériologie, ou sa vision particulière sur l'oxydation et la nitrification.
Avec Bernard, d'ailleurs, Jean-Jacques était l'instigateur des prospections d'art paléolithique parmi les graffitis à la grotte de Saint-Marcel d'Ardèche, où ils avaient découvert en 2011 une première représentation en début de toute une galerie de vestiges archéologiques.
Rappelons que ce sont les spéléos du club Jurassien, conduit par Jean-Jacques, qui ont découvert en 1966 sur le massif des Siebenhengste en Suisse, le P.26 ou Puits Johny, dans lequel une succession de grands puits (80 et 90 mètres) permet d’atteindre rapidement le niveau de base. Ce P.26 allait par la suite devenir l’entrée principale qui, pendant des années, allait être utilisée par les différentes expéditions qui allaient s'y succéder. Aujourd’hui, le système du Siebenhengste-Hohgant-Schrattenfluh compte 42 entrées pour un développement d’environ 164 kilomètres, la 13me plus longue grotte de notre planète et la 26e avec ses 1340 mètres de profondeur.
Jean-Jacques en haut de puits (cliché collection familiale)
En Suisse, à l’âge de 18 ans, Jean-Jacques faisait ses débuts en spéléologie comme membre du Club jurassien. Ses loisirs ont alimenté ses études, quand il obtient son doctorat comme ingénieur-chimiste et docteur en sciences à l’université de Neuchâtel, où il devient maître de conférences. Il se spécialise dans la géochimie des eaux du karst jurassien.
Jean-Jacques s'était installé depuis longue date à La Chaux-de-Fonds dans le Jura, où il était élu pendant 25 ans, dont 16 ans qu'il a siégé au Conseil général. Il était à la tête du Service communal de l’hygiène et de l’environnement, ce qui était la force motrice pour l’organisation du 12e ICS Congrès International de Spéléologie de l’UIS à La Chaux-de-Fonds en 1997.
Il était vice président de l’ANAR pendant 8 ans, et a présidé pendant plusieurs années la commission scientifique de la Société suisse de spéléologie (SSS), dont il a été proclamé membre d’honneur. Il était aussi spéléologue actif adhérent au Comité départemental de spéléologie du Gard (CDS30) et à la Fédération française de spéléologie (FFS) jusqu’en 2014. Jean-Jacques a été nommé membre d’honneur de l'association de spéléologie Nature-Témoin Issirac en 2016, en remerciement pour son apport à la communauté spéléologique et scientifique.
Suite à ses problèmes de santé, Jean-Jacques résidait dans le Valais suisse ces dernières années, ne pouvant plus se rendre dans le Gard.
Ainsi, Nature-Témoin Issirac perd un deuxième ami spéléo cette année, après le décès de Bernard Magos le 16 janvier.
Sûr et certain que nos deux héros feront de la découverte ensemble dans l’au-delà !
Pour Nature-Témoin,
Erik Van den Broeck.